Liège | Situation au Burkina Faso – Conférence le 27/06
Solidarité Mondiale vous invite à une conférence/débat sur la situation au Burkina Faso le jeudi 27 juin à 17h à la Mutualité Chrétienne de Liège Place du XX août, 38, 4ème
Avec :
- Claire Kupper (GRIP, Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la Sécurité)
- Des représentants de mouvements syndicaux et mutuellistes du Burkina Faso (RAMS et CNTB).
Pendant longtemps épargné par les conflits armés, connaissant une cohabitation ethnique et religieuse remarquable, le Burkina Faso voit ces dernières années sa situation sécuritaire se dégrader. Ce petit pays d’Afrique de l’Ouest est devenu la cible d’attaques mortelles attribuées en particulier à des djihadistes.
Attentats ciblant des étrangers, enlèvements et exécutions de ressortissants, multiplication d’attaques contre l’armée … une partie du « pays des hommes intègres » glisse dans une insécurité grandissante. Que se passe-t-il ? Quelle influence du pays voisin, le Mali ? Quel impact sur la population et la coopération au développement ?
Claire Kupper, spécialiste de l’Afrique au GRIP nous aidera à faire le point. Plusieurs partenaires burkinabés de Solidarité Mondiale, la Mutualité Chrétienne et de la CSC de Liège nous feront également part de leur témoignage.
Retour sur cette conférence/débat:
Depuis plusieurs mois, la situation sécuritaire continue de se dégrader au Burkina Faso suite à la multiplication d’attaques terroristes[1] contre les populations civiles dans le Nord et l’Est du pays ayant déjà fait des centaines de victimes. Pour nous aider à faire le point sur cette situation, nous avions invité le 27 juin pour une conférence/débat : Claire Kupper du GRIP (Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la Sécurité) ainsi que Aicha Belem, Nathalie Noukoubri, Arouna Padiene et Paul Ouedraogo, quatre représentants burkinabés des partenariats de Solidarité Mondiale, la CSC et la Mutualité Chrétienne dans ce pays, présents à Liège dans le cadre d’une semaine d’accueil et d’échanges.
- Des attaques contre les institutions de l’Etat ou ce qui représente celui-ci (de l’armée, aux écoles en passant par les lieux de culte chrétiens) se sont multipliées ces derniers mois de même que des attaques terroristes contre des civiles provocant règlements de comptes et affrontements communautaires en retour. Situation d’insécurité et de tensions communautaires et religieuses jusque-là inédite dans ce pays. Par rapport à cette situation, nos invités voient une série de raisons possibles au fait que la partie du pays proche du Sahel soit pour les terroristes extérieurs une cible particulière de déstabilisation et d’instrumentalisation : la culture de type nomade des peuples du Nord viendrait accentuer leur marginalisation au sein d’un pays dont les frontières sont issues de l’époque coloniale. Pour des raisons également liées à cette dernière, l’urbanisation et la densité démographique sont très mal réparties dans le pays (les deux principales villes, Ouagadougou et Bobo Dioulasso étant situées au centre et à l’ouest du pays). De plus, la désertification due au réchauffement climatique vient accentuer la pression sur les terres cultivables et crée de nombreux conflits au sein des populations proches du Sahel. Tous ces éléments viendraient alimenter les frustrations, instrumentalisées par les groupes armés extérieurs, d’une partie des populations du nord et de l’est ayant le sentiment d’être délaissée par l’Etat.
- Face à cette situation, le Burkina Faso n’a pas les moyens techniques nécessaires pour contrôler plus de 3000 km de frontières formées par 6 pays dont plusieurs particulièrement instables comme le Mali. Ce qui pose problème en particulier pour freiner une circulation importante d’armes en provenance notamment de la Lybie post-Kadhafi. De plus, le Burkina doit faire face à cette situation alors que le pays est encore très vulnérable économiquement, instable politiquement et socialement et que la justice et l’armée ne semblent pas encore assez structurées pour répondre à de telles menaces.
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Face à ces constats, nos partenaires burkinabés tenaient à préciser également plusieurs choses :
- Les observateurs occidentaux ne doivent pas mettre dans le même sac groupes terroristes venus de l’extérieur et certains groupes burkinabés qui ont pris les armes pour se défendre.
- En dehors des statistiques ou de la propagande, pour nos partenaires dans leur quotidien, le Burkina Faso n’est pas un « pays musulman » : la religion musulmane, chrétienne, et les croyances traditionnelles de type animistes coexistent la plupart du temps au sein même de chaque famille. L’objectif des terroristes est justement de créer des divisions religieuses et communautaires là où il n’y en avait pas et où existe au contraire une cohabitation religieuse et culturelle qui reste remarquable.
- D’après nos partenaires, certains groupes dangereux issus du Mali auraient bénéficié de tolérance voire de protection de la part de l’ancien président du Burkina, Blaise Compaoré (contraint de quitter le pays après presque 30 ans au pouvoir suite au soulèvement populaire de 2014) et ces groupes s’en prennent à présent à la population civile et au nouveau pouvoir en place en guise de représailles. De plus, pour nos partenaires d’autres zones d’ombres importantes restent présentes et propices à alimenter les rumeurs et augmenter la tension au sein de la population : l’absence de revendications de ces groupes terroristes, les appuis et protections dont ils bénéficieraient peut-être de l’extérieur…en tout cas pour nos partenaires au Burkina Faso, le pays souffre d’une nouvelle crise importante et multifactorielle qui nécessite plus que des réponses de type uniquement militaires.
[1] « Selon les observateurs, l’est du Burkina Faso constitue une zone de repli pour les djihadistes de l’État islamique dans le Grand Sahara qui cherchent à étendre les zones d’insécurité vers d’autres pays de la sous-région en cassant «le verrou burkinabé». » https://www.grip.org/sites/grip.org/files/NOTES_ANALYSE/2019/NA_2019-01-15_FR_J-NSIMBA.pdf