Le patient évalue difficilement l’impact financier de ses choix à l’hôpital
Un formulaire compliqué, peu d’informations préalables, des files d’attente et de l’agitation au guichet d’accueil : les patients éprouvent énormément de difficultés à poser des choix éclairés lorsqu’ils doivent se faire hospitaliser. C’est ce qui ressort d’une enquête menée par la Mutualité chrétienne (MC), en étroite collaboration avec Altéo, à l’occasion de la Journée européenne des droits du patient de ce jeudi 18 avril. Des recommandations à l’attention des hôpitaux et des médecins devraient permettre aux patients de s’occuper au bon moment des aspects financiers de leur hospitalisation.
Tant le choix de chambre que celui d’être soigné par un médecin conventionné ou pas ont une incidence importante sur la facture hospitalière. Une admission dans une chambre individuelle peut coûter en moyenne jusqu’à quatre fois plus qu’un séjour dans une chambre commune ou à deux lits. Le patient indique ses choix sur la déclaration d’admission que l’hôpital lui présente. La MC a enquêté sur les conditions dans lesquelles ce formulaire est discuté et signé.
68 % des patients signent la déclaration le jour de l’admission. Or les témoignages révèlent que ce n’est pas le moment idéal pour recevoir ces informations. « Les personnes déclarent que, lors de l’admission, elles sont principalement préoccupées par leur état de santé et les aspects pratiques de leur hospitalisation. Ceci génère un certain stress. De même, les conditions au guichet d’accueil ne sont pas idéales : il y a des files d’attente, de l’agitation, un bruit de fond constant… Ce contexte n’est donc pas optimal pour évaluer les informations et les conséquences de leurs choix », explique, Jean Hermesse, secrétaire général de la MC.
83 % des personnes interrogées sont plutôt satisfaites des explications qu’elles reçoivent concernant le choix de la chambre et le tarif. Néanmoins, 40 % ne comprennent pas quelles sont les conséquences financières de leurs choix. Jean Hermesse : « Les chiffres indiquent également que 88 % des médecins ne donnent aucune explication sur le coût de l’intervention, alors qu’ils ont bien évidemment un rôle à jouer à ce niveau. Une bonne communication résiderait dans une meilleure collaboration entre le médecin et l’hôpital. »
Recommandations aux hôpitaux et aux médecins
1. Veiller à ce que le patient soit informé au préalable
Le patient doit savoir à quoi il s’engage financièrement avant le jour de son hospitalisation. La déclaration d’admission pourrait donc lui être remise au préalable. L’hôpital peut également instaurer un service de planification des séjours hospitaliers, lequel inviterait préalablement les patients pour un entretien sur les aspects pratiques et administratifs de leur hospitalisation. L’hôpital peut aussi informer ses patients via une brochure d’accueil et/ou son site internet.
2. Renforcer le rôle du médecin
La mission première du médecin est de discuter avec le patient des aspects médicaux du traitement. Mais le médecin devrait au moins aussi engager la discussion sur l’aspect financier de l’intervention. Il lui incombe notamment d’aborder la déclaration d’admission afin que le patient y soit préparé lorsque l’hôpital lui présentera ce formulaire. L’hôpital et les médecins peuvent convenir ensemble des modalités d’organisation de cet échange d’informations.
3. Estimer les coûts du traitement
Les pourcentages de suppléments de chambre et d’honoraires sont peu clairs pour les patients. La déclaration d’admission pourrait être plus personnalisée pour que le patient ait une idée plus précise des frais auxquels il doit s’attendre. Pour la plupart des interventions, les coûts peuvent être estimés à l’avance. Cela peut aider le patient à poser des choix éclairés. 75 % des patients sont favorables à une estimation prévisionnelle du coût de leur hospitalisation.
4. S’assurer de la conformité légale de la déclaration d’admission
Les déclarations d’admission ne sont pas toutes entièrement légales. Un hôpital n’est autorisé à modifier qu’un nombre restreint de passages du modèle légal. Il convient de veiller à ce que le choix de chambre soit clair : le patient doit toujours pouvoir choisir entre une chambre commune, à deux lits ou individuelle. L’hôpital ne peut ajouter sur ce document aucune information qui ne relève pas de la déclaration d’admission, comme des engagements de paiement par exemple.
Suite à l’interdiction des suppléments d’honoraires en chambre commune ou à deux lits lors d’hospitalisation avec nuitée, le modèle légal de la déclaration d’admission devra être modifié. Sur base des conclusions de cette enquête, la MC souhaite être impliquée dans les adaptations nécessaires du modèle légal de déclaration d’admission.