G4S prend possession du site de l’ancienne clinique St Joseph à Liège

Communiqué du Bureau politique MOC Liège

14 juin 2021

 

L’actualité COVID oblige, l’information a manqué de passer inaperçue. C’est un habitant du quartier qui nous a fait parvenir un toute‐boites déposé par G4S.

Pour bien comprendre, intéressons-nous d’abord à l’entreprise. Si vous ne la connaissez pas, voici un extrait de la présentation que vous trouverez sur son site internet : G4S est le leader mondial de la sécurité intégrée, spécialisé dans la fourniture de services et de solutions de sécurité. Sa mission est de créer une valeur matérielle et durable pour ses clients et ses actionnaires en étant le fournisseur de choix sur tous ses marchés. En résumé, il s’agit donc du modèle classique d’une multinationale positionnée sur le marché de la sécurité avec une recherche de profit pour faire plaisir à ses actionnaires. A notre grande surprise, nous découvrons sur ce même site la proposition d’un service « care » (protection en référence à sûreté ?) et justice (en référence à justice privée ?) pour des personnes en situation de grande précarité et fragilité. Ainsi, la société annonce être aussi compétente pour l’accueil des demandeurs d’asile ou des sans-abris. Un enjeu qu’elle juge primordial aujourd’hui. Nous apprenons ainsi qu’elle est déjà partenaire des autorités belges afin d’offrir des solutions durables, qualitatives et efficaces. G4S affirme déjà accueillir des personnes et les guider activement vers un retour à l’autonomie dans plusieurs villes belges au départ de domaines tels que l’éducation, l’emploi, la santé, etc. Nous n’apprendrons pas plus sur ce volet d’activités sur le site internet.

Nous découvrons par la suite que l’autorité publique partenaire s’appelle FEDASIL (Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile) gestionnaire du réseau d’accueil qui organise directement une partie des places d’accueil (les centres fédéraux ouverts) et confie également, via des conventions, l’organisation de l’accueil à des tiers : la Croix‐Rouge, les CPAS, Caritas International, …

Et comme FEDASIL a temporairement besoin de places supplémentaires, le fédéral a lancé un appel d’offre. C’est G4S qui a emporté ce « marché public des demandeurs d’asile ». L’accord a été signé par le gouvernement fédéral en 2020 et G4S occupe donc temporairement les bâtiments de l’ancienne clinique St Joseph pour la création d’un centre d’accueil ouvert pouvant recevoir jusque 500 personnes pour une durée de 12 à 18 mois.

Tout cela peut paraître banal aux yeux de certains : il y avait urgence et il n’y avait pas d’autres choix. En tant que MOC, nous ne pouvons pas accepter ce choix. Bien sûr qu’il faut organiser un accueil qualitatif et humain et répondre aux besoins. Ce qui nous choque, c’est la privatisation de l’accueil d’êtres humains marqués par leurs parcours de vie dramatiques. Dans les situations concernées, fuir son pays n’est jamais un choix anodin ou encore synonyme de départ en vacances. Demander l’asile en Europe ou ailleurs, c’est demander une protection pour des questions humanitaires, politiques, médicales, économiques, …

C’est donc G4S qui assure un service de « protection et de justice » sur le site de l’ancienne clinique St Joseph dans un centre dont la direction échappe aux pouvoirs publics puisque ce poste est confié à une personne mandatée par la multinationale. Ce que nous savons, c’est que l’accord prévoit que G4S devrait respecter les mêmes critères de qualité que FEDASIL et la Croix Rouge. Nous n’en saurons pas plus et nous ne pouvons que regretter que ces choix politiques ne semblent même pas faire l’objet d’un débat public.

Enfin, aucune cause ne semble échapper aux appétits de profit de certains. C’est déjà le cas pour bon nombre de services aux personnes comme l’exemple flagrant des maisons de repos. Chaque fois que, faute de moyens, le service public est défaillant et que le monde associatif n’est pas en capacité de répondre, c’est le secteur privé qui s’enfonce dans la moindre brèche ouverte alors qu’il s’agit d’un univers différent avec des règles qui lui sont propres. Ceci avec les impôts des citoyens, et dans ce cas précis, pour contribuer à l’enrichissement des actionnaires de G4S.

En conclusion, nous avons du mal à percevoir la moindre éthique ou le moindre scrupule à faire de l’argent avec les situations délicates et difficiles vécues par les citoyens les plus précaires de notre société. Et nous avons autant de mal à comprendre comment de telles problématiques peuvent atterrir dans un partenariat public‐privé.

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