Déclaration de Politique du Logement de la ville de Liège – Analyse, perspectives et propositions
Le groupe CIEP-MOC de Liège Ville se penche, depuis de nombreux mois, sur le thème « Se loger à Liège ».
Suite à l’approbation de la déclaration de politique générale au mois de septembre 2013, nous publions ci-dessous nos éléments d’analyse et nos propositions que nous avons fait parvenir aux membres du conseil communal et du conseil de l’action sociale
Madame, Monsieur,
Le Conseil Communal a approuvé la déclaration de politique du logement lors de sa séance du 9 septembre 2013.
Le groupe CIEP-MOC de Liège se penche également, depuis de nombreux mois, sur le thème « Se loger à Liège ». Nous avons notamment publié un document de recommandations qui a servi de base à un débat politique au moment des élections communales d’octobre 2012. Document qui vous a été transmis durant l’année 2012.
Comme l’ensemble des constats dressés étaient partagés par notre actuelle échevine du logement, c’est avec une certaine curiosité et impatience que nous attendions la nouvelle déclaration de politique de logement qui inaugure une nouvelle législature de Madame Maggy Yerna.
Après lecture, le document nous laisse assez perplexe. La plupart des objectifs, ou plutôt des intentions, sont tout à fait louables et s’inscrivent pleinement dans des finalités de mise en œuvre du droit au logement décent et accessible. Citons plus particulièrement la réduction des logements inoccupés, le développement de l’offre locative de qualité à des prix décents notamment pour les familles nombreuses sans oublier la rénovation du logement social et les actions pour plus de mixité sociale.
Notre regard s’arrête aussi sur certains constats. A titre d’exemple, la faiblesse de la maîtrise foncière par le secteur public. Le pourcentage de logement social est de seulement 8 %. Un chiffre en baisse qui montre que Liège s’éloigne du critère des 10 % recommandés par la Région Wallonne.
Quant au plan d’action, il s’inscrit dans la continuité notamment en matière de contrôle de la qualité du logement et de lutte contre l’insalubrité et les marchands de sommeil sans pour autant proposer un bilan de l’efficacité des dispositifs mis en place.
Il nous semble dès lors utile de rappeler que la Ville a baissé, à la fin de la précédente législature, la taxe sur les immeubles inoccupés, la rendant beaucoup moins opérante. Tout comme de nous étonner du manque de retours concernant les actions que les associations de terrain mènent par rapport aux relevés des immeubles inoccupés. Le service de Salubrité publique de la Ville, qui fait partie des compétences du bourgmestre, est en sous-effectif criant, rassemblant à peine une quinzaine d’agents pour assurer le suivi de 100.000 logements. Pour les permis de location, il n’y a que deux agents (un agent administratif et un agent technique) pour traiter les dossiers. Pour arriver à une politique cohérente en matière de lutte contre l’inoccupation, il faut une collaboration effective et efficace entre services de police (constat), service de logement (recensement, taxe, soutien à la rénovation), CPAS (suivi) et AIS (prise en gestion, rénovation, accompagnement des locataires)…
Cette absence d’évaluation du plan d’action de la législature précédente permet de passer outre le bilan catastrophique de l’AIS pour annoncer que « tout ira mieux demain ». Dans une ville comme Liège, l’AIS devrait être capable de gérer plusieurs centaines de logements. L’AIS semble se trouver sur le bon chemin et être en train de redresser sa situation assez désolante.
Quant à la Maison de l’Habitat, nous continuons à croire qu’il faut diversifier l’offre de services et les moyens nécessaires pour investir dans une véritable politique d’information, d’orientation et de prévention. L’ambition d’un tel projet sera de développer un lieu accessible, connu qui accueillera les Liégeois et qui servira aussi de relais avec les associations et les services locaux.
Au rayon des « surprises » de cette déclaration « logement », le document propose une mesure, libérant pour les familles, des immeubles divisés en petits logements. A titre d’information, 80 % de l’habitat liégeois est aujourd’hui composé de logements pour une ou deux personnes maximum. Pour remédier à cette situation, Mme Yerna nous propose d’augmenter l’offre de résidences pour étudiants. Après quelques lectures de l’argumentaire, le lien de cause à effet nous parait toujours des plus obscurs…
Notons enfin que le grand absent de toutes ces déclarations est le budget. Nous ne nous attendions pas à trouver des chiffres dans le document, mais faisons surtout le constat qu’une des conditions préalables du vote de cette déclaration est l’absence d’incidence budgétaire pour la Ville.
Rien ne permet non plus de présager que le réceptacle de subsides divers se remplira à un rythme soutenu au cours des prochaines années. Le plan d’investissement exceptionnel de rénovation de logements sociaux est déjà en fin de vie et les montants alloués dans le cadre du plan d’ancrage et de la politique fédérale des grandes villes sont plus qu’incertains pour les années à venir.
Enfin, « le Collège entend faire du logement une priorité car c’est un droit fondamental, et il assumera ses responsabilités d’acteur majeur dans ce domaine ». Pour approcher quelques objectifs, notamment sociaux, dans un contexte financier morose et tenter de rencontrer au mieux les besoins de la population, il est essentiel de mettre tous les acteurs concernés autour de la table et de développer la concertation. Nous incitons donc une fois de plus la Ville de Liège de partir à la rencontre des nombreuses associations de terrain et de mettre sur pied une plate-forme « logement ». Il s’agit de proposer des moments d’échanges entre celle-ci et les services publics, de mener une réflexion commune sur les besoins et les actions, d’organiser un échange de pratiques, de favoriser au maximum les complémentarités entre services ou tout simplement de faciliter la connaissance de partenaires potentiels.
Toutes ces différentes réflexions nous incitent donc à suivre au plus près les projets déposés dans le cadre de plan d’ancrage communal et de continuer à espérer que le Ville de Liège ouvrira un jour ses portes aux associations de terrain par la mise sur pied d’un lieu de réflexions et d’actions concertées.
En vous remerciant de l’attention et du suivi apporté à ce courrier, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées.
Pour le groupe « Logement Liège-Ville » :
L. Dechambre – CSC Liège
F. Caudron – Equipes Populaires
G. Blavier – Maison Médicale du Laveu
J. De Liamchine – Vie Féminine
F. Ingenito et W. Schleck – CIEP-MOC –Groupe d’action locale de Liège