Migration | La Belgique et l’Europe doivent prendre des décisions courageuses pour gérer la crise des réfugiés
La CSC Liège Huy Waremme et son Comité Migrants condamnent le refus de l’UE de prendre en compte l’afflux des migrants à ses portes. Et cela malgré les milliers de morts qui viennent s’échouer à nos frontières. Nous ne pouvons rester sans réaction face à cette terrible tragédie, dont les images insoutenables d’enfants, de femmes, d’hommes morts noyés après avoir bravés la mer, les réseaux mafieux et les milices. Ils espéraient simplement fuir la guerre, la dictature, la misère, la pauvreté, tout simplement la mort.
Ces êtres humains ne quittent pas leur pays le cœur léger, avec pour seul motivation de venir profiter des richesses de l’Europe. Ils viennent ici bercer par l’illusion que l’Europe est un havre de paix, une terre d’accueil, un lieu où la vie humaine est sacrée. Pour ceux qui survivent au voyage, la désillusion est brutale.
Quand les réfugiés arrivent en Belgique, la réduction des places d’accueil et des moyens financiers qui l’accompagnent ne permettent pas de garantir un accueil décent.
A côté de cela, les tensions provoquées par l’austérité européenne s’exacerbent et les commentaires xénophobes fusent de toute part, faisant leur lit des inégalités provoquées par des décisions politiques. Pourtant la situation, si elle est grave, n’a rien d’exceptionnel. Durant les deux guerres mondiales, les Belges eux-mêmes avaient dû s’exiler en France ou en Grande-Bretagne.
Lors de son Congrès national d’avril 2015, la CSC a déjà établi l’importance de la question migratoire. Une résolution d’actualité mettait en évidence l’importance de combattre l’indifférence et l’incapacité à dégager des solutions. La même résolution demandait de mettre fin à cette politique de répression stérile pour soutenir les droits des migrants, leur sauvetage et le droit d’accès à l’Europe pour les personnes qui ont besoin de protection. Pour cela, il faut impérativement dégager des moyens et en répartir les charges entre les pays d’Europe, tout en demandant à tous les niveaux de pouvoir belges et européens que tout soit mis en œuvre pour traiter les causes qui poussent ces personnes à fuir.
En effet, les décisions européennes ne sont pas des pistes de solutions réalistes ni pour les migrants, ni pour les pays d’accueil, qu’ils veuillent ou non prendre leur part de cette « misère du monde » dont ils détournent le regard alors qu’ils y ont souvent contribué militairement.
Notre gouvernement, en particulier la ligne politique du Secrétaire d’Etat à l’asile et aux migrations, T. Francken, porte également sa part de responsabilité. Il ne joue pas son rôle d’influence au sein des institutions européennes et il n’affecte pas les moyens nécessaires à la gestion urgente de la survie humaine. Au contraire, sous couvert d’optimisation des procédures en matière de demandes d’asile, les subsides sont réduits et les centres d’accueil, Fedasil, le CGRA voient leurs missions modifiées et le nombre des agents chargés de l’accueil raboté. Par conséquent, les demandeurs d’asile dorment aux abords de l’Office des étrangers, dans la rue ou les parcs avoisinants.
Les choix politiques du Secrétaire d’Etat créent des sous-statuts tentant de diviser les travailleurs sans papiers, réfugiés et autres demandeurs d’asile tandis qu’il fait voter des propositions de loi sur l’accès au territoire, le séjour, l’établissement et l’éloignement des étrangers. Le discours sécuritaire utilisé en permanence propage de plus une image du migrant-criminel. De cette manière, M. Francken arrive à faire passer des modifications comme l’adoption de la loi du 10 août 2015 modifiant la loi du 15 décembre 1980, opérant ainsi un durcissement des clauses d’exclusion et de retrait de la protection internationale (notamment en touchant aux dispositions du secret professionnel du CGRA).
Ne tombons pas dans le piège et soyons solidaires, les migrants ne sont pas dangereux, ils sont en danger !