Un logement décent pour tous : le point de vue des tables citoyennes organisées au centre interculturel « Agora »
Parallèlement à l’approche du groupe d’action locale de Liège, le thème du logement est aussi abordé par des participants aux tables de conversation organisées au centre interculturel AGORA. Un projet qui réunit des personnes directement confrontées de par leur situation précaire aux difficultés d’accès à un logement décent.
Focus sur les tables de conversation.
Qu’est que la table de citoyenne de l’Agora ? Les tables citoyennes à l’Agora sont nées d’une volonté du CIEP d’implanter une activité quotidienne au sein de cette association interculturelle du MOC Liège. De nombreuses personnes s’adressent au centre pour s’inscrire aux modules de formation. Les tables de conversation sont complémentaires à cette activité en répondant notamment à une attente d’expression en français et d’échange d’expériences de la vie quotidienne.
Le public.
La grande majorité public des tables se compose de primo-arrivants s’exprimant en français. D’origine, d’âge, de coutume, de philosophie ou religion différente, ce public s’essaie au dialogue interculturel. Un public d’adulte mixte de genre et de culture. Souvent fragilisé par un parcours de vie difficile, les participants fréquentent les tables pour diverses raisons. L’activité proposée ne propose pas seulement de répondre à un besoin de pratiquer la langue française mais aussi de partager sur les problèmes que les participants rencontrent au quotidien (accès à un statut citoyen, recherche d’emploi, socialisation et compréhension du nouveau milieu social…)
Une approche
Nous abordons essentiellement des thématiques du quotidien en Belgique par une approche méthodique et essayons de dresser un regard sur le vécu au cours de nombreuses heures de discussions ouvertes sur l’expérience propre à chaque personne du groupe. Celui-ci constitue petit à petit une base de données qui sert de canevas à l’élaboration d’une liste d’interrogations sur la thématique abordée. À partir de ces questionnements, nous cherchons au sein du quartier une personne qui peut nous informer et apporter les réponses à nos questions.
Déroulement.
Les tables se déroulent les mardis et jeudis après-midis dans un local de l’asbl « Agora » située dans le quartier St Léonard à Liège. A quelques mois des élections communales, la thématique choisie par les participants pour le mois d’avril-mai 2012 est le logement. Il s’agit d’un sujet au cœur des priorités rencontrées par la grande majorité des personnes.
C’est après plusieurs recherches en sous-groupes et échange d’expériences que les participants ont décidé d’inviter des personnes ressources afin de répondre à certaines de leurs questions. Suite à cette rencontre, le groupe a souhaité rédiger une lettre ouverte qui témoigne de leurs réflexions.
« En tant que participants au tables de conversation de l’école d’alphabétisation pour adultes Agora, nous avons pu comprendre de façon plus précise la problématique du logement et répondre à certaines de nos questions. Nous constatons par notre vécu et notre expérience personnelle certaines choses que nous ne comprenons pas, et espérons qu’elles s’améliorent dans l’avenir. Après plusieurs heures de partage et de réflexion sur le sujet, il nous a semblé important de noter et d’écrire ces observations afin de pouvoir transmettre notre point de vue sur le sujet. Nous avons sélectionné quelques points qui nous paraissaient importants.
Nous sommes surpris qu’il n’y ait pas de mesure de contrôle des prix et de la qualité des habitations privées.
Le parc locatif à Liège et ses environs nous semble en mauvais état, tant dans le public que dans le privé.
L’accès à certains outils ou services qui pourraient aider les personnes dans leurs démarches ne sont pas encore assez accessibles ou pas assez visibles.
Le manque de moyen afin de favoriser les logements pour familles nombreuses.
L’accès aux logements est de plus en plus difficile pour les personnes étrangères, les chômeurs, les personnes dépendant du CPAS ainsi que les jeunes.
Le public fragilisé socialement est souvent victime de mauvais logement et d’abus dans ce domaine. Nous citons plus particulièrement les primo-arrivants qui en plus d’être totalement perdus risquent d’être exploités et vivre dans des véritables taudis.
La lourdeur administrative et l’attente pour accéder à un logement social.
La difficulté pour beaucoup de personnes étrangères d’éviter les abus de certains propriétaires et de pouvoir le cas échéant les poursuivre.
Le manque de respect de certains locataires tant pour les biens occupés que pour les voisins et l’entourage immédiat.
Nous nous indignons en constatant que par nos expériences vues et vécues autour de nous, beaucoup de personnes doivent faire preuve de patience et de débrouillardise de trouver des « trucs et astuces » afin de pouvoir bénéficier de ce qui est primordial pour chaque personne dans ce monde, un logement décent pour pouvoir vivre correctement. »
Lettre ouverte rédigé en groupe par la table de conversation.