COMPTE-RENDU Débat « La Vivaldi, une partition en mode mineur pleine de désaccords ? » du mardi 15 décembre

Présentation de l’accord de majorité gouvernementale (les grandes lignes) et échanges-discussion

Ça fait 16 mois qu’on l’attendait ! Est-ce que cela en valait bien la peine ? Le « retour du cœur », voilà ce qu’on nous annonce…

Il n’empêche, et malgré les assauts répétés des régionalistes de tout bord qui déstructurent l’État fédéral (« assainissement des finances publiques » oblige), scruter de près l’accord de coalition qui mènera la danse pour les 4 prochaines années peut sembler bien utile !

Le CIEP, en partenariat avec Action Vivre Ensemble, proposait le mardi 15 décembre 2020 une soirée d’échange autour de l’analyse politique de cet accord de coalition typiquement belge.

Dans un contexte politique fédéral de plus en plus difficile, le gouvernement de la dernière chance ?

Pour commencer il était nécessaire de rappeler les énormes difficultés que connait notre pays, particulièrement depuis une dizaine d’années, quand il s’agit de mettre en place un gouvernement fédéral. A tel point que l’on peut vraiment parler de crise politique structurelle tant les résultats électoraux s’opposent entre le nord qui vote plus à droite et le sud du pays qui vote plus à gauche. Face à cette situation, la « Vivaldi » avec ses 7 partis issus de 4 couleurs/familles politiques (socialistes, libéraux, verts et « socio-chrétiens ») constitue un compromis particulièrement bancal. Notamment du fait qu’il s’agisse d’un gouvernement belge « fédéral » n’incluant pas les deux partis qui ont électoralement eu le plus de succès du côté flamand, le plus peuplé du pays. Même si propre au contexte politique belge, la représentativité et la légitimité démocratique de cette « Vivaldi » en font dès le départ un gouvernement fragile gros de tensions.

Tout en précisant qu’il s’agit bien par définition d’une déclaration d’intention, d’un « projet » dont rien ne viendra sanctionner la réalisation ou non, à part une éventuelle sanction électorale, la présentation proposait de faire le tour, le plus clairement possible et en plus ou moins une heure, des grandes lignes politiques que les 7 partis de ce gouvernement ont pu se fixer pour guider leur action dans les quelques années restantes avant les prochaines élections :

L’occasion s’est présentée d’aborder un budget qui ne rompt pas totalement avec une forme d’austérité, de même qu’une politique fiscale qui ne semble pas vraiment reposer sur « épaules les plus larges » comme annoncé, une pension minimum qui ne concerne que les carrières complètes, des bénéfices attendus sur l’ambition de relever significativement le taux d’emploi, l’annonce déjà controversée de la fin du nucléaire, des ambitions climatiques qui semblent trop reposer sur une hypothétique « croissance verte » basées surtout sur des attentes technologiques et, enfin, la compétence « asile et la migrations » qui s’annonce  sans doute comme celle où la pression du poids électoral de la NVA et du Vlaams Belang se fait le plus sentir.

Au final, exercice délicat de compromis entre tabous de droite et mesures de gauche parfois plus symboliques qu’autre chose avec certains objectifs peu précis, le nouvel accord de gouvernement semble tendre vers une forme de statut quo forcément ambigu, à l’image de la situation politique belge.

Questions et échanges ont naturellement suivi cette présentation avec quelques grands thèmes particulièrement présents :

  • Le sentiment que ce gouvernement se lancera tôt ou tard vers une 7ème réforme de l’Etat belge, tant la pression électorale sur cette question reste forte au nord du pays, amène à s’interroger sur les formes que pourrait prendre cette réforme. Même si on entend parler d’une éventuelle re-fédéralisation de certaines compétences, il est encore bien difficile d’imaginer dans quel sens une telle réforme pourrait se diriger (une Belgique à 4 régions ?).
  • Des interrogations également, vu le contexte sanitaire, sur l’augmentation des dépenses de santé et leur impact sur l’emprise, par exemple, des firmes pharmaceutiques ou la constitution de « méga-hôpitaux ».
  • Inévitablement, de nombreuses questions et réactions sur l’annonce de la fin du nucléaire : personne ne semble y croire, même pas le gouvernement, tout en s’interrogeant fortement sur ce qui pourrait remplacer les centrales.
  • Parmi tous ces enjeux, plusieurs d’entre nous se posent la question des priorités sur lesquels nos mouvements et associations doivent (se) mobiliser. Pour certains, la lutte contre la pauvreté doit être mise en avant et faire l’objet avant tout d’aides financières en poussant notamment le montant des allocations sociales « au-delà » du seuil de pauvreté plutôt que timidement « vers » ce seuil comme annoncé par le gouvernement.
  • De même, certaines interventions pour rappeler que la justice fiscale est un préalable fondamental à une justice sociale ou « climatique » dans une perspective plus égalitaire, en particulier dans la répartition de base, et de plus en plus déséquilibrée, qui s’opère entre revenus du capital et revenus du travail.
  • Au final, après cette présentation, plusieurs participants ont également réagi pour souligner qu’il ne fallait pas tout attendre de la politique institutionnelle et de rappeler à quel point le rôle des mouvements et associations de citoyens demeure crucial. De même que la nécessité de plus en plus présente pour donner plus de poids à ceux-ci, d’obtenir des modifications de notre système démocratique intégrant davantage et concrètement cette participation citoyenne.

Si cette présentation vous intéresse et si vous souhaitez organiser un échange autour de celle-ci avec l’un de vos groupes, à distance ou, nous l’espérons, le plus vite possible, dans nos locaux ou dans les vôtres, n’hésitez pas à faire appel à nous. Contact: blanchard@mocliege.org 04/232.61.76

 

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