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  1. COMPTE-RENDU visioconférence&débat | 1843 | Les enquêtes ouvrières et la question sociale au 19e siècle

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    Dans le cadre du cycle de visioconférences consacrées à l’histoire de Belgique au 19e siècle[1], il nous a semblé important de s’arrêter sur 1843, à savoir la première enquête générale sur les conditions de vie de la classe ouvrière. Chaque arrêt dans le siècle se fait à partir d’une date, à propos de laquelle le conférencier invité se charge de nous éclairer sur « ce qui fait date », pour nous, dans les événements retenus.

    Pour cette deuxième visioconférence, c’est Eric Geerkens, enseignant à l’Uliège en histoire économique et sociale et spécialiste des enquêtes ouvrières[2], qui nous fait le plaisir de nous en apprendre davantage sur les raisons, les modalités et le contenu de ces premières enquêtes.

    Une mise en contexte tout d’abord : la jeune Belgique, en cette première moitié du 19e siècle, connaît une période de mutations et de transformations profondes. Et pour cause, elle est la première nation du continent à suivre le modèle anglais que l’on résume sous le concept de révolution industrielle. Trois phénomènes majeurs marquent cette révolution :

    • La concentration des moyens de production, dont la main d’œuvre
    • Un changement dans le rapport à l’outillage : la mécanisation deviendra la norme
    • Une nouvelle relation dans la manière de rémunérer l’activité : la relation salariale, grande conséquence de la très libérale révolution française

    La machine devient rapidement le symbole de cette époque nouvelle. Mais, au fond, qu’est-ce qu’une machine ? Comme le dira William Cockerill père, promoteur du régime industriel à Verviers, « la machine est un dispositif matériel qui économise du travail humain » et, par conséquent, augmente drastiquement la production, tout en diminuant ses coûts. Mais les conséquences sociales n’en sont pas si heureuses : la main d’œuvre « libérée » (façon Révolution française) par la machine croît considérablement.

    Cette nouvelle masse de main d’œuvre constituera un tout nouveau groupe social : le prolétariat (on ne l’appellera la « classe ouvrière » qu’à partir des années 1830). La bourgeoisie, classe alors dominante, ne connaît pas bien ce groupe social et, pour deux raisons, en a peur. D’abord à cause du potentiel important de révolte qui agite ses rangs (l’imaginaire révolutionnaire bat son plein à l’époque). Ensuite parce que les dégradations importantes des conditions de vie de ce groupe menacent son existence même, alors qu’il constitue le vivier de la force de travail nécessaire au nouveau régime industriel.

    Qu’est-ce qui menace la possibilité même pour ce groupe de se reproduire socialement ? Le travail des femmes et des enfants. D’où germe l’idée qu’il faut une législation protectrice pour ces deux catégories en particulier. À défaut, les bourgeois scieront tout bonnement la branche sur laquelle tout le nouvel ordre social repose, ordre dont ils ont pris les rênes. C’est la raison pour laquelle une enquête sur les conditions d’existence de cette classe est envisagée comme une nécessité.

    L’enquête comme instrument de réforme renvoie à la nature nouvelle du pouvoir politique, dont la vague de révolutions de part et d’autre de l’Atlantique entre 1770 et 1830 a considérablement changé les formes. Puisqu’il n’y a plus de référent d’autorité (le Roi, par la grâce de Dieu), les hommes de pouvoir doivent fonder leurs décisions sur un débat contradictoire, basé sur la discussion d’une documentation qui objective la réalité. Voici à grands traits l’essentiel du régime démocratique dans sa forme parlementaire, dont nous conservons bon gré malgré les attributs jusqu’à aujourd’hui.

    Les enquêtes de 1843 sont lancées par le premier ministre d’alors, Jean-Baptiste Nothomb. Le vote de la première législation sociale en France l’année auparavant, interdisant le travail des enfants justement, n’y est pas pour rien dans cette affaire. Mais cette enquête d’envergure menée par le pouvoir en place est précédée par des enquêtes du Comité de salubrité publique de Bruxelles, en 1837, ainsi que par celles menées par l’Académie de Médecine, sans que cela ne mène à aucune décision sur l’amélioration des conditions de vie des ouvriers – M. Geerkens nous rapporte par exemple que dans des logements bruxellois, 70 habitations se partagent un seul et unique WC…

     

    Quatre sous-enquêtes constituent en réalité cette vaste enquête dont les conclusions, de plus de 1700 pages, ne seront tirées qu’en 1846. Elles se répartissent comme suit :

    1. Les chefs d’entreprises, qui réalisent surtout des enquêtes statistiques. Les employeurs ne vont, à l’écrasante majorité, pas répondre !
    2. Les chambres de commerce, qui donnent leur avis sur la législation existante et possible. Il s’agit de la voix du patronat, qui est sans surprise très hostile à toute forme de règlementation, parce que vue comme entrave à la liberté d’entreprendre et de commercer.
    3. Le corps de mines, dont certains ingénieurs sont particulièrement inventifs. On pense au cas remarquable d’Eugène Bidaut qui étudie les informations médicales relatives aux conscrits militaires qui ont été réformés à cause de leurs déficiences physiques. Or ces réformés avaient travaillé dans les mines depuis leur plus jeune âge !
    4. Les médecins, qui mènent des enquêtes qualitatives sur et hors des lieux de travail. Ils réalisent 60 % de l’enquête en général. Ils vont travailler essentiellement sur les tables de mortalité et la différence en fonction du lieu géographique. La commission médicale de Liège, par exemple, dépouillera à la main000 dossiers de conscrits !

    À cause de ses multiples dimensions et du manque de coordination effective, les conclusions de l’enquêtes sont très éclatées. Malgré tout, on observe trois remarques récurrentes, portant sur :

    • L’alimentation, qui est de très mauvaise qualité
    • Les logements, qui sont très insalubres et bien trop petits
    • Les malformations physiques et les atteintes au corps des ouvrières et des ouvriers

    Par ailleurs, le reproche majeur qui est fait à la classe ouvrière est son imprévoyance et son irresponsabilité. La question sociale, au 19e siècle, est d’abord et avant tout envisagée comme une question morale par les politiques, alors même qu’elle se fonde sur les nouveaux rapports économiques nés du régime industriel. Il y a aussi un enjeu de distinction sociale très fort : les vrais responsables sont les bourgeois, raison pour laquelle ils détiennent le pouvoir…

    Et tandis que les enquêtes en Angleterre ou France aboutiront à poser quelques petites limites aux abus des employeurs, les décideurs belges n’aboutiront à rien… En effet, les événements révolutionnaires de 1848 (« printemps des peuples ») vont accoucher à un raidissement de la classe possédante, et la vague attendue de réformes sera reportée aux années 1880 (voir nos deux autres visioconférences, d’abord sur l’année 1885 et le Congo de Léopold II, puis surtout concernant les révoltes et les grèves de 1886 et les premières vraies lois sociales), malgré d’autres enquêtes de l’académie de médecine, notamment, s’alarmant sur les conditions de vie des ouvriers. Le savoir ne peut suffire pour pouvoir !

    Enfin, le conférencier a terminé son histoire des enquêtes en évoquant l’entreprise de la JOC, dans l’entre-deux-guerres, avec la proposition de Cardijn « d’aller y voir » de plus près, préalable nécessaire à l’action collective. Si la position de l’enquêteur est encore en surplomb, l’enjeu de faire de l’enquête un objet d’émancipation, par son horizontalité et son caractère ascendant, est clairement en rupture avec les enquêtes de 1843. Celles-ci auront été, il faut le dire, un voyage de la bourgeoisie au sein de leur Orient intérieur, le monde sauvage des ouvriers.

     

     

    [1] Voir https://mocliege.be/cycle-de-visioconferences-historiques-la-belgique-au-19e-siecle/

    [2] L’ouvrage collectif est co-dirigé par Éric Geerkens, Nicolas Hatzfeld, Isabelle Lespinet-Moret, Xavier Vigna, Les enquêtes ouvrières dans l’Europe contemporaine, Paris, La Découverte, 2019.

  2. La vie dans nos Centres d’insertion socio-professionnelle : une année dans un contexte de pandémie

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    Depuis plus d’un an, le fonctionnement de nos sociétés est fortement perturbé par la gestion du coronavirus.  Depuis plus d’un an, les Centres d’Insertion Socioprofessionnelle sont suspendus aux décisions de l’autorité de tutelle, à savoir la Région Wallonne.  Nous sommes allé à la rencontre de travailleur.euse.s du centre de formation Alter Form et L’Agora pour les entendre sur cette année si particulière.  Au moment d’écrire cet article (avril 2021), même si les écoles sont fermées, les Centres d’Insertion Socioprofessionnelle (AID au sein du MOC) sont restés ouverts.

     

    Mars 2020 : Lockdown en Belgique

    « Les stagiaires en parlaient entre eux et c’est vrai qu’il y a eu un peu d’absentéisme avant le fameux lock down parce que je pense qu’eux, ils étaient déjà un peu dans la peur pour certains, et donc ils s’étaient déjà mis, entre guillemets, en quarantaine. »

    Comme beaucoup d’autres en Belgique, chez Agora et Alterform, on le voyait venir sans vouloir vraiment y croire. Ce « tout le monde à la maison » va rompre le contact direct avec les stagiaires et les collègues. Passé le premier moment de stupeur et de flottement, il s’agira d’utiliser tout ce qui est disponible pour maintenir la relation, avant même de penser à maintenir le cadre formel de la formation ! Par des coups de fils hebdomadaires, des groupes WhatsApp et compagnie.

    « On rigolait, enfin on rigolait… on pariait sur le moment où ils allaient fermer ici en Belgique et moi je me souviens, je disais « Mais non ça n’arrivera pas » ! j’y croyais pas (…) je me disais « non, on n’en est pas à ce niveau-là » et il me semble que ce n’est même pas une semaine après cette conversation-là, ils ont fermé les écoles en Belgique et après c’était parti quoi.  (…) ça m’a paru soudain, je me disais qu’on y viendrait mais pas aussi vite quoi. C’est vrai qu’on a fermé du jour au lendemain, c’était particulier…l’ambiance était un peu spéciale.

    « On a envoyé des sms pour dire de ne pas venir le lendemain.  C’est compliqué parce du coup il n’y a pas de préparation ni pour eux, ni pour nous, et donc voilà, c’est un état de fait, on ne vient pas, qu’est-ce qu’on fait ?  Et du coup, pour maintenir le contact quand même on s’est vite rué sur tous les réseaux sociaux et tout ça.

    Ensuite, il faut revenir aux raisons d’être de leurs métiers : les apprentissages.  Selon la formation, ce sont bien évidemment des réalités différentes auxquels les formateur.trice.s doivent faire face.  Si poursuivre la formation d’Aide-soignante en ligne et par mail n’est pas impensable, dès qu’on parle de la formation « Coffrage- Maçonnerie », c’est tout de suite plus compliqué… L’équipement « numérique » des stagiaires est par ailleurs bien différent : certains sont à l’aise avec un PC, possèdent une connexion, ne fût-ce qu’un smartphone pour pouvoir suivre les cours, alors que pour d’autres, c’est quasi inexistant.  On essaye d’envoyer les documents par courrier, mais ça prend tellement de temps car la Poste est débordée à ce moment-là. Et puis faire les exercices seuls à la maison, avec les enfants, etc., ou ensemble avec le groupe, ce n’est pas la même chose. Pour ce qui est de pratiquer l’aide sociale en confinement, c’est compliqué : beaucoup de services sont difficiles à joindre, quasi tout se fait par mail ; expliquer comment remplir un document au téléphone à une personne qui débute en français, ça relève parfois du challenge.  Et encadrer des stagiaires dans un atelier ou se retrouver assis devant un PC, ce n’est pas vraiment le même métier.  Chacun va donc à la fois devoir se réinventer, prendre son mal en patience, recréer des nouveaux repères à son domicile, notamment face à l’outil informatique. Il faut aussi faire face aux questions des stagiaires « Quand est-ce qu’on recommence ? », « Est-ce qu’on pourra faire l’examen du permis de conduire ? », « Et pour le stage ? », et ne pas pouvoir y répondre car personne ne connait la réponse, ni le formateur, ni le directeur, ni le Forem, pas même la Région Wallonne.

    « Je me rappelle que j’ai entendu des stagiaires qui parlaient entre eux et quelqu’un qui disait « Voilà j’attends depuis un an ma place pour Alter Form et maintenant que j’ai trouvé, c’est quand que je vais avoir mon brevet ?! » Ils étaient un peu perdus aussi ! À mon avis, la personne elle a organisé sa vie plus ou moins et là d’un coup ça ferme, elle ne sait pas quoi faire.

    Les réalités sont bien différentes aussi selon la vie de famille des travailleurs, où les enfants sont à la maison, la cuisine devient le bureau, le numéro de téléphone personnel devient le numéro professionnel, …  Mais on se soutient entre collègues, et on sent une bienveillance de la part de la hiérarchie, on sent qu’« on n’a vraiment pas à se plaindre comparé à d’autres ».

     

    Mai 2020 : « On a reçu un mail ! On peut reprendre »

    Un jour enfin, ça y est, on peut revenir en présentiel, comme nous l’avertit un mail. Les travailleur.se.s constatent le plaisir pour les stagiaires de se retrouver enfin, mais on prend d’emblée conscience qu’« il y aura un avant et un après ». Certains, pris dans les peurs, ne sont presque pas sortis de chez eux durant tout le confinement, enfermé à la maison, dans un appartement, enfants compris.

    Pour la formation coffrage/maçonnerie, on en a perdu 1 ou 2 en cours de route. Ils avaient besoin de chercher du travail, pas le temps d’attendre la fin de cette période où les projets s’arrêtent net ou sont mis en attente : il y a un sentiment d’urgence à pouvoir continuer à avancer.  Mais, enfin, on peut s’y remettre ! La formation d’aide-soignante, « ouf ! elle est sauvée » ! Parce qu’il faut aussi tenir compte du cadre des pouvoirs subsidiant et des exigences du Forem. On va essayer de combler le temps perdu, pour que les compétences prévues soient développées malgré tout. Une formation qui devait se terminer fin janvier 2021 a pu être prolongée jusque fin juin. Les cours de français, quant à eux, peuvent reprendre pour les personnes débutantes. Des aménagements dans l’organisation sont mis en place : la règle générale est de diviser les groupes en 2, les horaires sont décalés pour que les stagiaires ne viennent pas s’ajouter aux usagers des transports en commun aux heures de pointes, des check-points sont installés, des masques distribués, un réfectoire réquisitionné pour donner cours, et certains donnent leur formation derrière un plexi.  Quelques temps avant le premier confinement, d’aucuns avaient exprimé des peurs face au virus, mais au retour, il y a le plaisir de recommencer, de se retrouver, et toutes les précautions sont de toute façon bien prises sur les lieux de formation. La prudence est toujours là, et ça rassure tout le monde. Parfois, malgré tout, les formateur.trice.s doivent rappeler le respect des consignes, « faire un peu la police ».

    À l’Agora, on tire aussi les premières leçons de cette expérience inédite. Il faut anticiper et accompagner les stagiaires pour qu’ils se familiarisent avec les programmes pour les cours en virtuel, permettre l’autonomie autant que possible. Les ressources sont là, dans les équipes il y a des collègues « qui gèrent bien tout ça » et qui transmettent aux autres.  En été, soit les formations continuent, soit elles se terminent, en attendant de tout recommencer en septembre.

    La mise en difficulté (en danger ?) du déroulement des apprentissages ne concernent pas seulement la survie des centres des formations et le maintien de l’emploi, il y a aussi un enjeu primordial pour les stagiaires qui ont des chances de trouver un emploi à la fin de leur formation. Une des conséquences de la fermeture des frontières est d’ailleurs une diminution de la circulation des travailleurs européens, ce qui augmente donc considérablement les chances de trouver un job pour les stagiaires en coffrage/maçonnerie. Concernant les aides-soignantes, la demande est également là. La crise sanitaire a révélé au grand jour l’âpreté du métier. Pour les stagiaires déjà présents, ça les a plutôt remobilisés, d’ailleurs il y en a qui ont fait du bénévolat dans des maisons de repos pendant le confinement. Par contre, l’attrait de ce type de formation a quelque peu baissé à la faveur de la pandémie : difficile de savoir ce que cela signifiera en terme d’inscription dans les années à venir. Enfin, et c’est fondamental, un centre de formation, c’est un lieu de vie, un lieu de lien social, de rencontres et d’échanges quotidiens.

    Pour certains, ne plus venir aux cours est synonyme de coupure avec le monde extérieur et la vie en société. On est dans un contexte où tout est fermé, les salles de sports, les cafés, les restaurants, et sans la formation, il ne reste plus rien et presque plus personne pour exister dans sa relation aux autres.

     

     

    Automne – hiver 2020 : « zoom,zoom,zoom » !

    On le sait aujourd’hui, le premier déconfinement n’aura été qu’une parenthèse estivale, et le 2 novembre il faudra à nouveau retourner à la maison et réintégrer le monde virtuel à temps plein. Les équipes sont, malheureusement, un peu plus aguerries pour y faire face.  Les apprenants des groupes de français du centre L’Agora sont désormais tous connectés, et les aides-soignantes et leurs formatrices s’y mettent dans la foulée. Par contre, pour apprendre à coffrer et à maçonner à distance, ce n’est pas Zoom qui va nous sauver. Pour ceux qui le pratiquent assidument, d’ailleurs, il est clair qu’on y perd quelque chose.  La participation aux séances n’est pas la même, et c’est plus fatigant pour les formateur.tice.s de donner une séance en virtuelle plutôt qu’en présentiel.  On n’est pas porté par la dynamique du groupe comme dans un cours normal.  Et c’est difficile de progresser au même rythme dans la matière.

    Mi-février, au moment du congé de Carnaval, l’étau se desserre et les Centres peuvent reprendre en présentiel, sous les mêmes conditions d’accueil qu’avant le deuxième confinement. Tel un effet secondaire de cette vie en pointillés que nous vivons depuis mars 2020, il est difficile de se situer dans le temps devenu confus, et les travailleurs ne savent plus nous dire exactement depuis quand ils ont pu recommencer en présentiel lorsque nous les rencontrons.  Dès que le travail a repris en cette fin d’hiver, l’impression que le deuxième confinement « est loin derrière nous » domine, alors que ça ne fait qu’un petit mois que les stagiaires sont de retour.

     

    Après un an, quel regard sur cette expérience ?

    Le caractère inédit, l’évènement historique que représente cette pandémie semble faire consensus. « C’est marqué au fer rouge », dit-on, ou encore « ce n’est pas dans 5 ans qu’on aura oublié tout ça ». D’un côté, on constate que ça a jeté une lumière crue sur les fragilités de nos systèmes, en particulier notre système politique démocratique censé garantir nos libertés. D’un autre côté, on se souvient un peu désabusé des projections passées du « monde d’après », qui avaient surgi avec le premier confinement. Or le « monde d’après », c’est maintenant. Et s’il y avait une vraie volonté de vivre autrement à la faveur de l’expérience inédite de ce premier confinement, c’est aujourd’hui complètement retombé : « On passe vite à autre chose : dès qu’on a pu refermer les yeux, on l’a fait ». Ce confinement n’est-il pas une expérience grandeur nature qui montre de manière évidente « qui a de la chance et qui n’en a pas ? »

    Mais même si c’est une expérience « dont on aurait bien pu se passer », elle aura au moins eu le mérite de nous permettre de nous arrêter un instant pour prendre conscience et réfléchir aux enjeux de nos pratiques quotidiennes, par rapport auxquelles il est difficile d’avoir ce regard attentif et réflexif. Ces quelques témoignages et ces réflexions ont été l’occasion de mettre des mots sur les réalités vécues dans des centres de formation qui se sont révélés être, outre des lieux d’apprentissage et de partage de compétences, de véritables de lieux de vie.

    Le travail a repris, mais on sent qu’il faut maintenant travailler avec ces incertitudes, on recommence, mais on ne sait pas s’il va falloir à nouveau retourner à la maison et reprendre en mode « distanciel ».  On continue à inscrire, des formations démarrent, en croisant les doigts, en espérant pouvoir aller jusqu’au bout de la formation.  Et le regard posé sur l’avenir est chargé de tout ce vécu.

     

    *Toutes les illustrations sont issues de la collecte de témoignages de stagiaires de l’Agora.

  3. Visioconférence | 1885 | La Conférence de Berlin et l’acquisition du Congo par Léopold II – La mémoire coloniale en questions | Mardi 18 mai 14h

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    Le CIEP culture et le CIEP de Liège-Verviers sont heureux de vous inviter à leur cycle de visioconférences sur l’histoire de la Belgique au 19e siècle. Parce que c’est notre histoire !

    La troisième visioconférence de ce cycle est consacrée à la Conférence de Berlin et à l’acquisition du Congo par le roi des Belges Léopold II en 1885. C’est en effet à cette date que Léopold II reçoit, à titre personnel, cet immense territoire de l’Afrique. C’est en réalité la naissance de l’Etat Indépendant du Congo (EIC) qui deviendra en 1908 une colonie belge. La question de la mémoire coloniale, qui a fait couler beaucoup d’encre en Belgique ces derniers mois, sera également abordée par notre intervenant.

    Au cours cette visioconférence, nous aurons le plaisir d’accueillir Sacha Habibi, diplômé d’un master en histoire à l’Université de Liège.

    En pratique :

    • Quand ? Le mardi 18 mai à 14h
    • Inscription souhaitée : leysten@mocliege.org (0484.309912)
    • Une activité gratuite
    • Comment ? Par visioconférence. Cette activité est gratuite et accessible en un seul clic via Zoom :

    https://us02web.zoom.us/j/82788910670

     

    Retrouvez l’ensemble du cycle ici

     

    Des appréhensions pour vous connecter ? N’hésitez pas à nous contacter par mail ou par téléphone. Ci-dessous, vous retrouverez un mode d’emploi pour installer Zoom en quelques secondes.

     

     

    Comment y participer ?

    C’est très simple et gratuit. Vous pouvez la suivre depuis chez vous en vous connectant avec votre ordinateur, votre tablette ou votre smartphone sur l’application ZOOM qui se trouve sur internet.

    Vous avez déjà l’application ZOOM installé sur votre ordinateur/tablette/smartphone :

    Le jour de la conférence :

    • Cliquez sur le lien ZOOM pour suivre la conférence.
    • L’application ZOOM se lancera automatiquement sur votre ordinateur et vous pourrez rejoindre la salle d’attente de la conférence en ligne (comme chez le médecin).
    • Une fois accepté dans le salon virtuel par l’administrateur, vous pourrez suivre la conférence en direct.

     

    Vous n’avez pas l’application ZOOM installé sur votre ordinateur/tablette/smartphone :

    Le jour de la conférence :

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    • Votre navigateur Web téléchargera automatiquement l’application gratuite ZOOM. Vous n’avez plus qu’à appuyer sur l’application qui apparait en bas à gauche de votre écran. Cela lance l’installation du programme en quelques secondes.

    • Une fois l’installation terminée, il vous suffit d’appuyer sur « Launch Meeting » (en français : « Lancer la réunion »).

    • Vous rejoindrez ainsi la salle d’attente de la conférence en ligne (comme chez le médecin).
    • Une fois accepté dans le salon virtuel par l’administrateur, vous pourrez suivre la conférence en direct.

     

    Attention :

    Afin de faciliter le déroulement de la conférence et l’intervention des orateurs, nous vous demandons de :

    • Coupez votre micro et votre caméra en entrant dans le salon virtuel (lieu ou se déroule la conférence en ligne). Si vous avez une difficulté à couper votre micro, l’animateur vous aidera à le faire.

    • Poser vos questions par écrit lors de la session de questions via l’espace de discussion qui s’ouvre en cliquant sur l’onglet « Converser ». Votre question sera lue et relayé par l’animateur vers les orateurs

     

    Besoin d’un coup de main pour installer ZOOM ? 

    • Voici le lien vers une petite vidéo de démonstration qui vous explique comment installer et utiliser ZOOM en 2 minutes : https://www.youtube.com/watch?v=FczmyqSrN-g
    • Vous souhaitez recevoir une aide supplémentaire : contactez-nous avant la conférence par mail ou par téléphone. Nous vous aiderons à distance (Benoît Leysten : 0484/30 99 12 – leysten@mocliege.org).
  4. Visioconférence | 1843 | Les enquêtes ouvrières et la question sociale au 19e siècle en Belgique | Mardi 20 avril 14h

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    Le CIEP culture et le CIEP de Liège-Verviers sont heureux de vous inviter à leur cycle de visioconférences sur l’histoire de la Belgique au 19e siècle. Parce que c’est notre histoire !

    La deuxième visioconférence de ce cycle est consacrée à la question sociale au 19e siècle avec comme date clé l’année 1843. En effet, c’est en 1843 qu’une Commission est créée à l’initiative des parlementaires pour se pencher sur les conditions de travail des enfants dans les usines. Cette enquête donne un aperçu par et pour la classe bourgeoise des conditions de travail au milieu du 19e siècle. On cherchera à mettre en contraste ces enquêtes restées sans lendemain avec celles menées directement par la classe ouvrière, notamment par la JOC près de cent ans plus tard.

    Pour en apprendre davantage sur ce sujet, nous aurons le plaisir d’accueillir Eric Geerkens, professeur d’histoire économique et sociale à l’Université de Liège.

     

    En pratique :

    • Quand ? Le mardi 20 avril à 14h
    • Inscription souhaitée : leysten@mocliege.org (0484.309912)
    • Une activité gratuite
    • Comment ? Par visioconférence. Cette activité est gratuite et accessible en un seul clic via Zoom :

     

    https://us02web.zoom.us/j/81147986959

     

    Retrouvez l’ensemble du cycle ici

     

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    • Votre navigateur Web téléchargera automatiquement l’application gratuite ZOOM. Vous n’avez plus qu’à appuyer sur l’application qui apparait en bas à gauche de votre écran. Cela lance l’installation du programme en quelques secondes.

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  5. Compte-rendu « Coronakrisis : une crise peut en cacher d’autres » | Une animation en éducation permanente

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    Il y a un peu plus d’un an, nombreux pays du globe ont mis en place un confinement généralisé pour limiter drastiquement la circulation du nouveau coronavirus responsable d’un syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Il fallait à tout prix éviter un effondrement généralisé des systèmes de soins de santé, déjà fragilisé par un sous-financement public relatif. On entrait alors dans l’inédit. Jamais, de mémoire d’homme, cette mesure politique de santé publique n’avait atteint une telle proportion dans l’histoire de l’humanité.

    Il y a presqu’un an, le CIEP a décidé de mettre sur pied une animation en trois parties destinées à mieux se représenter cette réalité, complexe et angoissante. À partir de la figure de l’iceberg qui illustre bien la différence entre ce qu’on peut appréhender à la surface des choses, et les raisons profondes et souvent non visibles qui les déterminent, on a cherché à mieux faire voir les origines des épidémies virales afin d’évaluer les conséquences sociales et politiques du confinement général. Dans un second temps, l’animation proposait une plongée sous la ligne de flottaison, dans le but de saisir les contours de la face immergée de l’iceberg. Comment en était-on arrivé là ? Pourquoi vit-on un déraillement d’une telle ampleur ? Enfin, la troisième partie de l’animation visait à confronter les participant(e)s au grand défi de l’action collective. Et maintenant, que fait-on ?

    Ce petit article est le récit des expériences vécues, et des témoignages partagés, lors d’animations lancées à partir de septembre 2020. Les publics étaient essentiellement constitués par les membres des organisations constitutives du MOC (aînés CSC, Vie Féminine, bureaux politiques), ainsi que par des stagiaires, de CISP et de régie de quartier. Notre objectif était de prendre le temps de ressaisir nos vécus de la pandémie, dont le confinement, en tentant de « remettre les choses à plat ». Ce mieux voir n’est-il pas la condition nécessaire à l’appropriation d’un jugement partagé, potentiellement émancipateur ? Dans tous les cas, la mission de l’éducation permanente s’avère ici à la fois pertinente et cruciale, pour tenter de se raccrocher à quelque bouée de sauvetage lorsque l’ordre social est à la dérive.

     

    L’autorité politique de la science face aux inégalités sociales

    Le trauma collectif d’une pandémie virale comme celle du covid génère de nombreuses incertitudes. L’animation avait pour vocation d’être une chambre d’échos et de partage de ces doutes. Ces incertitudes, de plus, sont renforcées par des changements de position incessants, qui ne permettent plus de savoir à quel saint se vouer. Mais pour certain(e)s, ça tient de l’évidence. Le raisonnement est limpide. Le virus qui provoque la maladie du covid-19 (SRAS-CoV-2) aurait été fabriqué par des gouvernants tout-puissants dans le but évident d’inoculer aux populations des nanoparticules réceptrices de la 5G, lors d’une campagne de vaccination mondiale qui générera des milliards. La crise sanitaire serait l’occasion d’une déstabilisation de l’ensemble du tissu économique, dans le but de détruire la classe moyenne que l’on fait « mourir à petit feu », voire de surveiller le moindre de nos faits et gestes tout en bâillonnant les gens, grâce à des masques qu’on a été forcés de fabriquer ! On aurait tort de balayer ça d’un revers de la main, aussi contradictoire et farfelu que cela puisse paraître. Ces interrogations révèlent une crise de confiance bien légitime dans les institutions perçues comme « éloignées du terrain ». Qui représentent-elles encore ?

    À proprement parler, même si l’animation ne portait pas directement sur l’enjeu de la vaccination, elle pose naturellement nombre de questions à nos publics, puisqu’elle est présentée comme la seule solution par nos gouvernants. Les participant(e)s ont d’ailleurs souvent pointé le problème que nombre d’entre eux/elles envisagent de se vacciner « pour être tranquilles ». D’autres se demandent l’intérêt de ce type de vaccin, puisque le nouveau coronavirus est un virus qui n’est pas immunisant : « Je ne veux pas me retrouver à me faire vacciner tous les ans, je ne le fais déjà pas pour la grippe… ». Le processus du voir/juger a en outre permis de mettre en lumière d’autres voies d’immunisation des populations, plus sociales et naturelles : viser l’égalité d’accès aux droits socio-économiques, garants des égalités sociales de santé.

    C’est dans cette perspective d’égalité socio-économique qu’un débat avec des stagiaires en bureautique s’est engagé. Le processus de la confrontation des points de vue a favorisé le passage de la représentation de l’épidémie en tant que complot fantasmé, surpuissant et destructeur, à la mise en évidence de la violence du conflit de classe révélé au grand jour. Le témoignage d’une participante a dirigé le débat vers le cas de l’entreprise Wibra, hautement significatif à cet égard. Alors que l’entreprise percevait des indemnités d’état pour sécuriser les revenus – matérialisant à nouveau le credo néolibéral de la « socialisation des pertes et privatisation des profits » – ses 300 employés ont été licenciés sans préavis, du jour au lendemain, comme la loi l’y autorisait. Le covid, un effet d’aubaine ?

    Des institutions en faillite ?

    Pour autant, cet « effet d’aubaine » est très inégalement réparti entre les membres de notre société. En évoquant l’accélération vers le tout-numérique, nombreux témoignages se sont inquiété de l’avenir du travail, à distance de tout rapport social. En creux, on s’est d’ailleurs posé la question, au sein du groupe de participation citoyenne de Seraing, de savoir ce qu’est vraiment du travail dans le fond.

    Dans le même sens, l’animation ciblait la « fracture numérique », qui s’est aggravée à cause de la pandémie, puisqu’elle a rendu l’accès au numérique indispensable[1]. Pour les seniors de la CSC de Waremme, la numérisation intégrale c’est « la cata chez de nombreux aînés » ! Néanmoins, force est de constater qu’elle n’a pas que des effets négatifs, comme en témoigne une jeune stagiaire non-francophone : ses deux jeunes fils ont progressé en français, foi de logopède, grâce aux jeux vidéo en ligne avec des copains de classe.

    La grille de lecture des événements proposée par l’animation juge la frontière de plus en plus floue entre la crise sanitaire et la crise économique et sociale. C’est dès lors apparu comme une évidence à une participante travailleuse en régie de quartier : « l’économie va nous mettre plus à plat que la crise sanitaire elle-même ! ». Et nous vient en mémoire le témoignage d’une permanente CSC qui rapportait qu’une travailleuse de titres-services ne disposait plus que de 340 euro par mois pour vivre : le gel de nos économies est une décision politique, requise par la situation sanitaire. Mais jusqu’à quel point, s’est-on demandé ? La gestion de la crise par nos institutions démontre pour nos publics un sentiment de peur panique généralisée, ainsi qu’une grande difficulté à prendre des responsabilités autres que par des mesures très contraignantes et trop souvent aveugles, sous le seul prétexte que les chiffres le commandent.

    En évoquant les chiffres jugés « dangereux parce que facilement manipulables », nombreuses interventions des participant(e)s allaient dans le sens d’une incompréhension du choix des indicateurs les plus relayés dans les médias pour juger de l’état de l’épidémie. D’abord la mortalité, puis le nombre d’admissions dans les hôpitaux (en particulier les admissions en unités de soins intensifs), puis uniquement les résultats des tests PCR. Il est légitime de se poser des questions lorsque les décisions politiques ne semblent plus guidées que par des chiffres.

    Ces questions soulevées par l’animation ont fait dire à des militantes de Vie Féminine que les états, dont on peut penser qu’ils ont organisé leur défaillance – « Voyez le sous-financement des soins de santé et le manque permanent de personnel soignant ! » –, laissent toujours plus de terrain aux entreprises privées. Or la gestion d’une pandémie nécessiterait un état régulateur et protecteur. Cela doit notamment impliquer, pour l’une d’entre elles, de ne pas jouer les uns (les vieux et les « inactifs ») contre les autres (les jeunes et les travailleurs), mais au contraire de pratiquer des politiques d’inclusion qui ne peuvent se réaliser que par le bas de l’échelle sociale, et non l’inverse ! Plus largement, comme l’a affirmé sans détour une de leurs participantes, « une société malade de sa santé va forcément droit dans le mur ! » Mauvais signe pour l’avenir… Mais quel avenir ?

     

    Un monde en crises : quelle place pour les mouvements sociaux ?

    Cette pandémie globalisée enraye de nombreux pans du système mondial car les états du monde entier sont tellement interconnectés aujourd’hui qu’un éternuement à Singapour peut devenir une authentique semaine de bonne crève à Bruxelles. Le confinement généralisé des populations est un phénomène nouveau par son ampleur, aux conséquences certainement désastreuses. Pourtant, une épidémie est un phénomène profondément dynamique et complexe : des règles indispensables ici n’ont potentiellement aucun effet là-bas, sinon indésirable. La proportionnalité des mesures ne devrait-elle pas par conséquent être la règle générale ? Une participante de la CSC de Waremme avait parfaitement raison d’attirer notre attention sur le fait que tous les aînés ont aveuglément été mis dans le même sac des « personnes-à-risques », sur base du seul critère de l’âge, « plus de 65 ans ».

    Dans le même temps, cette dame insistait sur le danger considérable d’un « repli sur soi généralisé » et sans distinction, aussi bien au sein de notre société que dans nos relations avec d’autres nations, en particulier les plus pauvres. Où en est la solidarité mondiale, notamment à l’heure d’un partage totalement inéquitable des vaccins[2] ? Qu’en sera-t-il aux lendemains de la pandémie ?

    Par rapport à tous ces défis, la question de savoir la place que les mouvements sociaux doivent prendre, et le rôle qu’ils doivent jouer, est capitale à nos yeux. Si l’importance de faire mouvement peut apparaître plus clairement aujourd’hui, la question des échelles de l’action doit être posée : à qui s’adresse-t-on et dans quel cadre envisager des solutions ? On peut penser que si l’action est toujours localisée, la conscience des enjeux doit nécessairement être globale ! La place qui revient à l’éducation permanente prend tout son sens dans ce débat. En résonance avec la réaction d’une militante de Vie Féminine, cette animation a au moins montré que « c’est fondamental de pouvoir identifier le problème : si on se rend mieux compte de comment les choses se passent, ça permet d’être plus créatif ! »

    [1] Voir l’article « Une année online qui accentue les inégalités », sur le site du MOC, https://mocliege.be/une-annee-online-qui-accentue-les-inegalites/
    [2] Voir le compte-rendu de la visioconférence géopolitique des vaccins : https://mocliege.be/covid-vu-du-sud-enjeux-mondiaux-dacces-aux-vaccins/
  6. Compte-rendu: « COVID vu du Sud, enjeux mondiaux d’accès aux vaccins » une conférence/débat WSM

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    VisioConférence/débat organisée par le groupe WSM de Liège
    Mercredi 17 mars 18H30

    La crise COVID montre les limites d’une mondialisation trop poussée et met à jour des difficultés d’accès aux médicaments qui concernent maintenant aussi bien certains de nos pays privilégiés que les pays du Sud qui connaissent ce problème depuis longtemps. La course mondiale actuelle aux vaccins met en lumière une fois de plus les énormes inégalités d’accès entre pays à ce qui est devenu un marché mondial du médicament. Pour les pays du sud, l’inégalité d’accès au vaccin COVID n’est qu’une manifestation de plus de leur position globalement désavantageuse dans l’ordre pharmaceutique international basé sur la rentabilité. Cette rencontre organisée par WSM, l’ONG du MOC, avait pour objectif de mettre en lumière cette manifestation d’inégalité supplémentaire, et d’en savoir plus sur la situation chez nos voisins du Sud.

    Les effets du COVID dans les pays du Sud

    Selon François Polet, chercheur en Centre Tricontinental (CETRI), la présence du virus et sa mortalité sont très variables dans ce qu’on appelle le « Sud ». Ainsi, les continents asiatique et africain sont largement épargnés en comparaison avec le continent américain et européen. Peu de contaminations, peu de morts…Plusieurs facteurs, encore hypothétiques, entrent en jeu : population jeune, présence d’autres agents pathogènes, bagage génétique, climat, vie sociale à l’extérieur, certaines politiques de santé publique très réactives (Cambodge et Vietnam notamment) … Il note cependant que d’autres maladies infectieuses ou parasitaires telles que le paludisme, les maladies diarrhéiques ou le VIH ont continué à circuler, provoquant pour chacune d’entre elles davantage de morts que ceux attribués au COVID, dans certains pays la crise sanitaire reste permanente. Par contre, même si l’impact directe du COVID reste limité dans certains pays, les mesures « anti-covid », le prix des denrées alimentaires ou l’arrêt des exportations ont eu indirectement des impacts importants sur les revenus des populations, dont un grand nombre, d’après les statistiques, ont basculé vers des seuils de pauvreté inférieurs durant la pandémie.

    Ces conséquences sociales, Aboubakar Koto Yerima, coordinateur de l’ONG béninoise Action pour la protection sociale (APROSOC) soutenue par WSM, peut en témoigner. Même si le Bénin n’accuse qu’un nombre très limité de cas de contamination et de décès, les conséquences du COVID ont surtout été économiques et sociales.  Très réactif face à la menace du covid, l’Etat a pris des mesures fortes d’interdiction de rassemblement, de marchés, de transports en communs, d’isolement de certaines zones géographiques… qui ont fait en sorte que des acteurs de l’économie informelle et agricole, la majorité des travailleurs dans ce pays, ont dû faire face à de sérieux manques à gagner, face à quoi les aides sociales de l’Etat n’ont pas été à la hauteur de ce qui était attendu. Sans oublier les conséquences sur le vie sociale et culturelle (marchés, cultes, enterrements…). Cela engendre une incompréhension des populations qui conduit les autorités à une certaine souplesse consistant à mettre l’accent sur la sensibilisation, l’aspect temporaire de ces mesures et l’appui de certaines aides.

    Koto Yerima attire également l’attention sur le manque de moyens dont souffrent les pays du Sud. Au Bénin, les collectivités territoriales sont sollicitées pour mettre en œuvre les plans anti-covid mais avec des moyens matériels insuffisants. Toutefois elles continuent un travail de sensibilisation sur les recommandations sanitaires de base et encouragent les populations rurales à continuer à consulter les centres de santé locaux malgré la crainte du COVID. Dans ce sens, pour Koto Yerima, cette pandémie pourra néanmoins avoir des conséquences positives en matière de sensibilisation à l’hygiène.

    La course au vaccin et ses enjeux internationaux

    Dans la course mondiale au vaccin, les quelques firmes pharmaceutiques qui ont développé des vaccins à une vitesse record (moins d’un an), en partie grâce à de l’argent public, font à présent monter les enchères selon les principes de l’offre et de la demande. En position de faiblesse face à ces firmes, les Etats occidentaux négocient avec celles-ci dans une forme de « nationalisme vaccinal », soumis à de forte pressions médiatiques et de l’opinion publique. Alors qu’une meilleure concertation entre Etats, à l’image de ce qui s’est tout de même produit au niveau de l’Union Européenne, aurait pu faire basculer le rapport de force et permettre pour chaque pays un accès plus équitable et à des prix avantageux aux vaccins.

    En même temps, la plateforme privé/publique internationale « COVAX »[1] , a priori à contre-courant du « business as usuel », cherche à s’inscrire dans une logique de bien public mondial. Koto Yerima nous confirme que le Bénin s’est inscrit dans cette initiative, grâce à laquelle 144 000 doses sont arrivées sur les 800 000 commandées. Toutefois, le rythme est lent et il est déjà évident que l’efficacité de ce dispositif sera amoindrie par les accords prioritaires que les pays riches signent parallèlement avec les laboratoires, dont le montant cumulé dépasse plusieurs fois les sommes allouées par ces mêmes pays au dispositif COVAX. Dans le même ordre d’idée, si Astra Zeneca affiche l’ambition de vendre leur vaccin à prix coûtant pour certains pays, de n’est visiblement que dans un premier temps, de plus cette même firme pharmaceutique s’est fait remarquer en vendant à l’Afrique du Sud des doses deux fois plus cher que celles vendues au Royaume-Unis. De plus, au sein de l’OMC, les pays industrialisés viennent une nouvelle fois de refuser la demande de pays du Sud, dans ce cas si de l’Inde et de l’Afrique du Sud appuyés par un grand nombre de pays pauvres, d’assouplir exceptionnellement pour faire face au COVID certaines règles liées aux brevets. De manière générale dans ce marché mondial des médicaments, l’innovation reste bien trop associée au secteur privé et au business de quelques grandes multinationales en particulier au détriment de programmes de recherches publiques à l’échelle internationale.

    On voit donc bien qu’au-delà de certaines postures, les leaders publics et privés des pays riches maintiennent la course au profit au cœur du système sanitaire mondial. Au final, ces logiques nuisent à l’éradication du COVID et laissent la porte ouverte à la circulation mondiale de nouveaux variant qui vont continuer à proliférer.

    De plus, face à ces vaccins occidentaux qui arrivent au compte-goutte, et aux difficultés de négociation avec leurs producteurs, les pays du Sud se tournent de plus en plus vers les vaccins indiens, russes, et chinois ce qui laisse supposer des conséquences géopolitiques certaines sur la perte d’influence des Etats Unis et de l’Union Européenne sur la scène mondiale.

    Au cours de cette rencontre, il a été question également d’une nouvelle plateforme de revendications dans laquelle WSM est active : https://noprofitonpandemic.eu/   qui essaie notamment d’obtenir 1 millions de signatures afin d’enclencher une « initiative citoyenne européenne » qui obligerait la commission européenne à réagir officiellement dans le sens de considérer la santé davantage comme un bien commun qu’une source de profit.

    Au final, espérons que la pandémie COVID ait au moins le mérite de mettre en lumière et de remettre en question ce pouvoir disproportionné pris par quelques firmes pharmaceutiques au détriment des Etats et de la santé de leurs populations.

    [1]Lancée en avril par l’Alliance du Vaccin (GAVI), en association avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la fondation CEPI 1, la plateforme COVAX, pour « COVID-19 Vaccines Global Access », vise à contrer cette logique du chacun pour soi en mettant en commun les contributions des États (ils sont plus de cent quatre-vingts à avoir rejoint l’initiative) en vue de soutenir la recherche et la production d’un grand nombre de vaccins, de négocier les meilleurs prix possibles avec l’industrie et de garantir une distribution équitable des doses entre pays et à l’intérieur de ceux-ci. Le dispositif est assorti d’un mécanisme de cofi nancement par les pays riches d’un milliard de doses qui sera réservé aux nonante deux pays les plus pauvres, au nom du principe selon lequel « personne ne sera en sécurité tant que tout le monde ne sera pas en sécurité ».  François Polet “Le Sud de nouveau victime du marché des medicaments”, Revue Démocratie janvier 2021 p.11. Lire également de François Polet: « Covid 19 au Sud : face au « nationalisme vaccinal », l’enjeu de la souveraineté sanitaire »

     

     

  7. Découvrez les activités CIEP Culture de mars à juin 2021

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    Le nouveau Temps des Découvertes est sorti ! Découvrez ce que vous réserve CIEP Culture pour les prochains mois…

    Cycle de viso-conférences sur l’histoire de la Belgique au 19ème « Parce que c’est notre histoire ! »

    MARDI 30 mars 14H > 1831: L’indépendance et la Constitution belge, retour sur les débuts d’une monarchie libérale et parlementaire

    MARDI 20 avril 14H > 1843 : la « question sociale » , enquête sur les conditions de travail des enfants…

    MARDI 18 mai 14H > 1885 : l’acquisition du Congo par Léopold II : les questions de la mémoire coloniale…

    MARDI 22 juin 14H>1886 : La grande vague de grèves et la naissance du Parti Ouvrier…

    Un cycle de balades guidées en plein air

    Dimanche 16 mai 14H et Vendredi 21 mai 14H  « Liège vue par les écrivains » par Catherine Vankerkhovee, philosophe, guide et conférencière 

    Vendredi 28 mai 14H « Street Art à Liège »

    Vendredi 18 juin 14H et Dimanche 20 juin 14H  Balade guidée « l’Art Nouveau au Jardin Botanique » par Catherine Vankerhovee

    Vendredi 25 juin 14H Saint-Nicolas « Entre terrils et campagne »

    Et des visioconférences sur l’art…

    Jeudi 15 avril 14H

    « Klimt » par Tatiana Bailleul, guide conférencière. Peintre symboliste autrichien, et l’un des membres les plus en vue du mouvement Art nouveau et de la Sécession de Vienne, une croisade pour l’art avide d’une chose : réenchanter le monde…

    Jeudi 10 juin 14H

    « Gustave Serrurier-Bovy, architecte et décorateur liégeois, figure de l’Art Nouveau belge » par Catherine Vankerkhovee

    Tous les détails pratiques dans le nouveau Temps des DécouvertesTDD mai et juin 2021

     

    TDD mai et juin 2021

  8. Visioconférence | 1831 | L’indépendance et la Constitution belge | Mardi 30 mars 14h

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    Le CIEP culture et le CIEP de Liège-Verviers sont heureux de vous inviter à leur cycle de visioconférences sur l’histoire de Belgique au 19e siècle. Parce que c’est notre histoire !

    Notre première visioconférence est consacrée à l’indépendance et à la Constitution belge (1831) – retour sur les débuts d’une monarchie libérale et parlementaire, un ordre constitutionnel en débats.

    Nous aurons le plaisir d’accueillir Henri Deleersnijder, professeur d’histoire à l’Université du Troisième âge de Liège.

     

    • Quand ? Le mardi 30 mars à 14h
    • Inscription souhaitée : leysten@mocliege.org (0484.309912)
    • Comment ? Par visioconférence. Cette activité est gratuite et accessible en un seul clic via Zoom :

    https://us02web.zoom.us/j/87089385458  

     

    Retrouvez l’ensemble du cycle ici

     

    Des appréhensions pour vous connecter ? N’hésitez pas à nous contacter par mail ou par téléphone. Ci-dessous, vous retrouverez un mode d’emploi pour installer Zoom en quelques secondes.

     

    Comment y participer ?

    C’est très simple et gratuit. Vous pouvez la suivre depuis chez vous en vous connectant avec votre ordinateur, votre tablette ou votre smartphone sur l’application ZOOM qui se trouve sur internet.

    Vous avez déjà l’application ZOOM installé sur votre ordinateur/tablette/smartphone :

    Le jour de la conférence :

    • Cliquez sur le lien ZOOM pour suivre la conférence.
    • L’application ZOOM se lancera automatiquement sur votre ordinateur et vous pourrez rejoindre la salle d’attente de la conférence en ligne (comme chez le médecin).
    • Une fois accepté dans le salon virtuel par l’administrateur, vous pourrez suivre la conférence en direct.

     

    Vous n’avez pas l’application ZOOM installé sur votre ordinateur/tablette/smartphone :

    Le jour de la conférence :

    • Cliquez sur le lien ZOOM pour suivre la conférence.
    • Votre navigateur Web téléchargera automatiquement l’application gratuite ZOOM. Vous n’avez plus qu’à appuyer sur l’application qui apparait en bas à gauche de votre écran. Cela lance l’installation du programme en quelques secondes.

    • Une fois l’installation terminée, il vous suffit d’appuyer sur « Launch Meeting » (en français : « Lancer la réunion »).

    • Vous rejoindrez ainsi la salle d’attente de la conférence en ligne (comme chez le médecin).
    • Une fois accepté dans le salon virtuel par l’administrateur, vous pourrez suivre la conférence en direct.

     

    Attention :

    Afin de faciliter le déroulement de la conférence et l’intervention des orateurs, nous vous demandons de :

    • Coupez votre micro et votre caméra en entrant dans le salon virtuel (lieu ou se déroule la conférence en ligne). Si vous avez une difficulté à couper votre micro, l’animateur vous aidera à le faire.

    • Poser vos questions par écrit lors de la session de questions via l’espace de discussion qui s’ouvre en cliquant sur l’onglet « Converser ». Votre question sera lue et relayé par l’animateur vers les orateurs

     

     Besoin d’un coup de main pour installer ZOOM ? 

    • Voici le lien vers une petite vidéo de démonstration qui vous explique comment installer et utiliser ZOOM en 2 minutes : https://www.youtube.com/watch?v=FczmyqSrN-g
    • Vous souhaitez recevoir une aide supplémentaire : contactez-nous avant la conférence par mail ou par téléphone. Nous vous aiderons à distance (Benoît Leysten : 0484/30 99 12 – leysten@mocliege.org).
  9. Débat webinaire des Equipes Populaires sur le complotisme…

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     VENDREDI 5 MARS de 14h à 16h :

    Complotisme et éducation permanente : Et maintenant, on fait quoi ?

    Dans la foulée de la parution du dernier numéro de Contrastes sur la démocratie, les Equipes Populaires vous invitent à participer à une conférence-débat sur une question qui interpelle plus que jamais l’éducation permanente : Comment prendre en compte la montée des tendances complotistes au sein d’un public de plus en plus large, dont celui avec lequel nous interagissons ? N’y a-t-il pas des éléments de proximité, des points de contact avec l’éducation permanente ? Parmi eux, une volonté d’esprit critique, la force des émotions, certains adversaires communs, la volonté de mobilisation, la vulnérabilité du public.

    Plutôt que de fuir ces questions qui bousculent les animateurs et formateurs dans leurs pratiques quotidiennes, les Equipes Populaires proposent de les empoigner… dans le respect des points de vue de chacun.

     

    Avec la participation de :

    • Edgar Szoc, chroniqueur RTBF et auteur du livre Inspirez, conspirez : Le complotisme au XXIème siècle ; 
    • Ariane Estenne, présidente du MOC et du Conseil supérieur de l’éducation permanente
    • Guillaume Lohest,président des Equipes Populaires et auteur de l’analyse Les liens du sens : quatre Checkpoints entre le style complotiste et l’éducation permanente.  

     

    📌 Le webinaire sera accessible :

    – par Zoom au lien suivant : https://zoom.us/j/95996063747?pwd=R0Jwc1FlNTZTbi8wQ0UyL0x1TTIrZz09

    Mot de passe : 401588

     

    – par Facebook en livestream à partir de la page « Equipes populaires »

     

    Infos : secretariat@equipespopulaires.be 

     

  10. COMPTE-RENDU de la visioconférence du mardi 26 janvier 2021 | « Les Golden Sixties en Belgique, quel héritage ? »

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    Voici le compte-rendu de la visioconférence du 26 janvier consacrée à la Belgique des « Golden Sixties » :

    Elie Teicher, doctorant en histoire, est venu nous parler de la Belgique des années 1960, la fameuse décennie des « Golden Sixties », généralement perçue comme une période de prospérité, de croissance économique et de bien-être social. Ce mythe des Golden Sixties, considérée comme une période de progrès et de concertation sociale, est aujourd’hui bien ancré dans la mémoire collective belge.

    Au cours de son intervention, Elie Teicher a eu l’occasion de relativiser cette période considérée comme un « âge d’or ». Force est de constater qu’elle a en réalité été mythifiée après le tournant néolibéral et austéritaire des années 1970 et surtout 1980.

    Cette décennie a d’ailleurs été marquée par des événements majeurs. Elle débute par l’indépendance du Congo et par la « grève du siècle » déclenchée par le projet de « Loi unique » du gouvernement dans le but d’assainir les finances publiques. Cette loi déclenche le plus grand conflit social en Belgique depuis la Seconde Guerre mondiale. Et pour cause, elle s’en prenait directement aux travailleurs car le gouvernement attaquait de front la sécurité sociale instaurée après la guerre via le « Pacte social ». Sans ordre des hiérarchies syndicales, des travailleurs, et tout particulièrement les affiliés de la FGTB, déclenchent alors une grève qui prend rapidement des allures d’insurrection. Malgré cette forte mobilisation dans la rue du côté socialiste, la Loi unique est adoptée par les Chambres.

    Cette période commence donc par un événement majeur qui marque les esprits. Toutefois, cette décennie est aussi caractérisée par un rebond économique et un taux de croissance qui augmente. Par ailleurs, la concertation sociale entre les syndicats et les patrons, aussi instaurée grâce au Pacte social, s’intensifie et atteint sa maturité. De nombreuses conventions collectives de travail sont établies et aboutissent à une augmentation des salaires.

    Ces éléments ne doivent néanmoins pas cacher les difficultés de cette période. Comme le souligne Michel Loriaux (ancien Professeur au Département de démographie de l’UCL), une inquiétude manifeste est aussi présente à l’époque quant à la question du vieillissement de la population wallonne (cf. rapport du grand démographe français Albert Sauvy). En outre, les années 1960, sont certes celles de la concertation sociale mais Elie Teicher rappelle que cette affirmation doit être nuancée. Dans les faits, des travailleurs ou des secteurs d’emplois sont en réalité mis de côté. Afin d’appuyer son propos, Elie Teicher pointe le cas des femmes, des immigrés ou encore des mineurs. Cela crée des mouvements de contestation en dehors des syndicats et parfois même contre les syndicats. Par exemple, les femmes de la FN manifestent en 1966 pour une augmentation salariale et de meilleures conditions de travail mais un mécontentement existe aussi à l’encontre des délégués masculins qui ne prennent pas forcément en compte leurs revendications. Dans la lignée de ce constat, Anne-Marie Balthasar, qui s’est engagée dans le milieu syndical non-marchand en 1966, témoigne de son combat en faveur d’une reconnaissance de la place des femmes au sein même des structures de la CSC mais aussi dans les concertations et dans les actions.

    Au final, quel héritage avons-nous aujourd’hui des Golden Sixties ? Très clairement, nous avons une vision mythifiée des années 1960. Cette période s’avère en réalité difficile pour de nombreux acteurs. Nos intervenants ont notamment souligné le cas des femmes. Toutefois, force est de constater que soixante ans plus tard, la lutte pour une égalité salariale et sociale est toujours d’actualité. Comme l’a souligné l’ancienne présidente de la CNE Arlette Puraye, la société a évolué et nous sommes en conséquence confrontés aujourd’hui à une évolution de l’action syndicale. Le fer de lance des syndicats, qui était l’industrie dans les années 1960, est désormais le secteur non-marchand. Il s’agit ainsi, à l’avenir, de se battre mais aussi d’interpeller et d’associer les jeunes dans cette lutte commune tout en trouvant le mode de mobilisation idéal pour nos réalités contemporaines.

  11. Action symbolique : « La sécurité sociale ne tombe pas du ciel : renforçons-la ! »

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    Ce lundi 25 janvier, une fée marraine a déambulé dans le centre de la ville de Liège en passant par la CSC et la Mutualité Chrétienne pour attirer l’attention sur l’importance de la sécurité sociale et ses mécanismes invisibles.

    Cette action a été relayée dans la presse et notamment sous forme de vidéos à découvrir ICI et ICI (à 2’44), https://fb.watch/3yfDwOA-F6/

    Mutualité Chrétienne de Verviers

    Cette action se reproduira ensuite dans quatre autres villes de Wallonie (Namur, Peruwelz, Mouscron et Charleroi). En parallèle, les organisations du Mouvement ouvrier chrétien mettent à l’honneur, sur 16 bâtiments symboliques dans 13 villes de Belgique francophone, des portraits de femmes et d’hommes de différentes origines qui se mobilisent, ici et ailleurs dans le monde, pour renforcer la sécurité sociale, comme par exemple sur la façade de la Mutualité Chrétienne de Verviers et de Liège.

    « Vous aussi, vous voulez croire aux contes de fées ? Face aux crises, pas besoin de sortilèges : il y a déjà la sécurité sociale »déclamait la fée marraine dans les rues de Liège. En effet, s’ils ont prouvé, en 2020, à quel point ils sont indispensables: le chômage, les pensions, la couverture de santé, les allocations familiales, entre autres, ne tombent pas du ciel. Ils sont le résultat d’une longue histoire collective et fonctionnent grâce à une solidarité invisible à laquelle chacun et chacune contribue.

    Chaque citoyen, chaque citoyenne, individuellement, mais surtout collectivement, est le maillon de cette formidable solidarité. C’est ce message positif que le Mouvement ouvrier chrétien et ses organisations, dont WSM, souhaitent relayer ensemble dans l’espace public en ce début d’année crucial dans la lutte contre la pandémie de coronavirus.

    Accès à des soins de santé de qualité pour les personnes malades, allocations de remplacement pour les personnes en chômage temporaire, congé parental étendu pour certains parents confrontés à la fermeture des écoles et des crèches, droit passerelle pour les indépendant·e·s, reconnaissance de la COVID-19 comme maladie professionnelle… Voici  quelques-unes des dispositions qui soutiennent et protègent les citoyen·ne·s en Belgique pour qu’ils·elles puissent faire face à cette crise sanitaire d’une ampleur sans précédent.

    Sans notre sécurité sociale, il serait nettement plus difficile de l’affronter.

    Ailleurs dans le monde, des mouvements sociaux se sont également mobilisés pour que les populations confrontées au virus et au confinement puissent bénéficier de protection.

    C’est pourquoi le MOC et ses organisations constitutives ont décidé de saisir le moment pour sensibiliser le grand public au rôle crucial que la sécurité sociale et ses différentes branches jouent dans cette crise dont les conséquences sur notre société se feront sentir encore durablement.

    Cette crise nous a montré que seuls des services (publics  ou  associatifs) collectifs forts, correctement financés, gérés comme un bien commun et de manière collective (et en renforçant le modèle de gestion paritaire) permettent de faire face aux crises auxquelles nos sociétés sont (et  seront encore) confrontées.

    La sécurité sociale, et plus largement la protection sociale, devrait être accessible à toutes et tous. Une revalorisation et un réinvestissement de la sécurité sociale sont   indispensables, ici en Belgique, mais aussi ailleurs dans le monde.

    C’est notre meilleure protection face aux crises : renforçons-la !

    Cette action, portée par l’ONG de coopération au développement WSM, clôture la campagne menée conjointement par l’ensemble des organisations constitutives du MOC pour sensibiliser leurs membres et la population belge à l’importance des mécanismes de sécurité sociale. Plus d’infos sur cette campagne 

     

     

  12. Visioconférence & Débat « Andy Warhol et la fabrique du rêve américain » | Mardi 9 février 14h

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    Bienvenu à la conférence « Andy Warhol et la fabrique du rêve américain »

    Cette conférence est gratuite et ouverte à tous. Elle se déroulera en ligne le mardi 9 février 2021 (14h-15h30). Déroulement de cette rencontre virtuelle :

    • A partir de 13h30 : test de connexion, résolution des éventuels problèmes informatiques rencontrés.
    • 14h00 : Lancement de la conférence avec une intervention de Catherine Vanderkhove, philosophe, professeur à l’IFAPME Liège – Huy – Waremme et professeur à l’Université du 3e âge de Liège, sur l’évolution et la diversité stylistique d’Andy Warhol.
    • 14h40 : Échange avec les visiteurs de l’exposition Warhol, The American Dream Factory. 
    • 15h00 : Discussion & débat.
    • 15h30 : Fin de la conférence.

    Inscription souhaitée par mail de préférence (leysten@mocliege.org) ou par téléphone (0484.309912). 

    Rejoignez cette visioconférence via le lien ZOOM suivant :

    https://us02web.zoom.us/j/88418501539

     

     

    Comment y participer ?

    C’est très simple et gratuit. Vous pouvez la suivre depuis chez vous en vous connectant avec votre ordinateur, votre tablette ou votre smartphone sur l’application ZOOM qui se trouve sur internet.

    Vous avez déjà l’application ZOOM installé sur votre ordinateur/tablette/smartphone :

    Le jour de la conférence :

    • Cliquez sur le lien ZOOM pour suivre la conférence.
    • L’application ZOOM se lancera automatiquement sur votre ordinateur et vous pourrez rejoindre la salle d’attente de la conférence en ligne (comme chez le médecin).
    • Une fois accepté dans le salon virtuel par l’administrateur, vous pourrez suivre la conférence en direct.

     

    Vous n’avez pas l’application ZOOM installé sur votre ordinateur/tablette/smartphone :

    Le jour de la conférence :

    • Cliquez sur le lien ZOOM pour suivre la conférence.
    • Votre navigateur Web téléchargera automatiquement l’application gratuite ZOOM. Vous n’avez plus qu’à appuyer sur l’application qui apparait en bas à gauche de votre écran. Cela lance l’installation du programme en quelques secondes.

    • Une fois l’installation terminée, il vous suffit d’appuyer sur « Launch Meeting » (en français : « Lancer la réunion »).

    • Vous rejoindrez ainsi la salle d’attente de la conférence en ligne (comme chez le médecin).
    • Une fois accepté dans le salon virtuel par l’administrateur, vous pourrez suivre la conférence en direct.

     

    Attention :

    Afin de faciliter le déroulement de la conférence et l’intervention des orateurs, nous vous demandons de :

    • Coupez votre micro et votre caméra en entrant dans le salon virtuel (lieu ou se déroule la conférence en ligne). Si vous avez une difficulté à couper votre micro, l’animateur vous aidera à le faire.

    • Poser vos questions par écrit lors de la session de questions via l’espace de discussion qui s’ouvre en cliquant sur l’onglet « Converser ». Votre question sera lue et relayé par l’animateur vers les orateurs.

     

     Besoin d’un coup de main pour installer ZOOM ? 

    • Voici le lien vers une petite vidéo de démonstration qui vous explique comment installer et utiliser ZOOM en 2 minutes : https://www.youtube.com/watch?v=FczmyqSrN-g
    • Vous souhaitez recevoir une aide supplémentaire : contactez-nous avant la conférence par mail ou par téléphone. Nous vous aiderons à distance (Benoît Leysten : 0484/30 99 12 – leysten@mocliege.org ou Edwine Goldoni : 0483/22 93 61 – goldoni@mocliege.org).

     

    Nous nous réjouissons de vous revoir lors de cette visioconférence organisée par les CIEP Liège-Verviers et le CIEP Culture.

    D’ici-là, prenez soin de vous et de votre entourage.

     

    Fabienne, Edwine, Antoine et Benoît

  13. Visioconférence & Débat « Les Golden Sixties en Belgique, quel héritage ? » | Mardi 26 janvier 14h

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    Bienvenu à la conférence « Les Golden Sixties en Belgique, quel héritage ? »

    Une visioconférence&débat sur les mouvements sociaux et culturels des années 60 et leurs impacts sur les luttes d’aujourd’hui et de demain. 

    Cette conférence est gratuite et ouverte à toutes et tous. Elle se déroulera en ligne le mardi 26 janvier 2021 (14h-15h30). Déroulement de cette rencontre virtuelle :

    • A partir de 13h30 : test de connexion, résolution des éventuels problèmes informatiques rencontrés.
    • 14h00 : Lancement de la conférence avec une intervention d’Elie Teicher, Doctorant en histoire contemporaine à l’ULiège. 
    • 14h30 : Échange avec les intervenant(e)s
    • 15h00 : Discussion & débat
    • 15h30 : Fin de la conférence.

     

    Inscription souhaitée par mail de préférence (leysten@mocliege.org) ou par téléphone (0484.309912). 

    Rejoignez cette visioconférence via le lien ZOOM suivant :

    https://us02web.zoom.us/j/86061026314https://us02web.zoom.us/j/83887412691

     

     

    Comment y participer ?

    C’est très simple et gratuit. Vous pouvez la suivre depuis chez vous en vous connectant avec votre ordinateur, votre tablette ou votre smartphone sur l’application ZOOM qui se trouve sur internet.

    Vous avez déjà l’application ZOOM installé sur votre ordinateur/tablette/smartphone :

    Le jour de la conférence :

    • Cliquez sur le lien ZOOM pour suivre la conférence.
    • L’application ZOOM se lancera automatiquement sur votre ordinateur et vous pourrez rejoindre la salle d’attente de la conférence en ligne (comme chez le médecin).
    • Une fois accepté dans le salon virtuel par l’administrateur, vous pourrez suivre la conférence en direct.

     

    Vous n’avez pas l’application ZOOM installé sur votre ordinateur/tablette/smartphone :

    Le jour de la conférence :

    • Cliquez sur le lien ZOOM pour suivre la conférence.
    • Votre navigateur Web téléchargera automatiquement l’application gratuite ZOOM. Vous n’avez plus qu’à appuyer sur l’application qui apparait en bas à gauche de votre écran. Cela lance l’installation du programme en quelques secondes.

    • Une fois l’installation terminée, il vous suffit d’appuyer sur « Launch Meeting » (en français : « Lancer la réunion »).

    • Vous rejoindrez ainsi la salle d’attente de la conférence en ligne (comme chez le médecin).
    • Une fois accepté dans le salon virtuel par l’administrateur, vous pourrez suivre la conférence en direct.

     

    Attention :

    Afin de faciliter le déroulement de la conférence et l’intervention des orateurs, nous vous demandons de :

    • Coupez votre micro et votre caméra en entrant dans le salon virtuel (lieu ou se déroule la conférence en ligne). Si vous avez une difficulté à couper votre micro, l’animateur vous aidera à le faire.

    • Poser vos questions par écrit lors de la session de questions via l’espace de discussion qui s’ouvre en cliquant sur l’onglet « Converser ». Votre question sera lue et relayé par l’animateur vers les orateurs.

     

     Besoin d’un coup de main pour installer ZOOM ? 

    • Voici le lien vers une petite vidéo de démonstration qui vous explique comment installer et utiliser ZOOM en 2 minutes : https://www.youtube.com/watch?v=FczmyqSrN-g
    • Vous souhaitez recevoir une aide supplémentaire : contactez-nous avant la conférence par mail ou par téléphone. Nous vous aiderons à distance (Benoît Leysten : 0484/30 99 12 – leysten@mocliege.org ou Edwine Goldoni : 0483/22 93 61 – goldoni@mocliege.org).

     

    Nous nous réjouissons de vous revoir lors de cette visioconférence organisée par les CIEP Liège-Verviers et le CIEP Culture.

    D’ici-là, prenez soin de vous et de votre entourage.

     

    Fabienne, Edwine, Antoine et Benoît

     

  14. Offre d’emploi – Un(e) animateur(trice) en éducation permanente

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    Le CIEP Liège est le service d’éducation permanente du MOC. Il développe notamment à partir de groupes locaux des analyses et actions concrètes en lien direct avec la réalité locale. Il sensibilise, réunit et mobilise des citoyens autour d’enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels jugés prioritaires par le Mouvement.

    Nous sommes à la recherche d’un(e) animateur(trice) en CDI – temps plein (36 H/semaine) – Barême de la CP 329 – poste APE

    Fonction

    1. Constitution et animation de groupes de citoyens sur les thématiques de la transition écologique et économique juste (notamment énergie, logement, mobilité, ….)
    • Analyser la situation d’un quartier, d’une commune ou d’une microrégion sous l’angle de la participation citoyenne, des inégalités sociales et culturelles, de la transition écologique, … en s’appuyant sur les acteurs culturels, sociaux, économiques et politiques locaux
    • Faire connaître et partager ces constats avec les habitants, les associations concernées et les militants des organisations du MOC
    • Dégager et proposer des orientations et développer des actions de terrain : initier des collectifs citoyens, renforcer la cohésion des habitants autour de problèmes et enjeux communs, développer des activités de terrain avec les associations, organiser la sensibilisation par des débats, des cinéclubs, des actions dans l’espace public, développer des réseaux locaux de militants, partenaires associatifs et institutionnels au sein des organisations du MOC et en dehors.…
    • Concevoir, réaliser et animer des outils pédagogiques destinés aux adultes en soutien à l’action

     

    1. Animation d’un groupe de professionnels et militants du réseau MOC sur le thème de la coopération au développement.
    • Être le relais local de WSM, l’ONG du MOC, et développer des activités de sensibilisation sur les thèmes liés aux priorités de l’ONG.

     

    1. Rédiger des rapports, des synthèses et des analyses sur base d’actions mises en place et de témoignages rencontrés dans les groupes.

     

    PROFIL – CONDITIONS

    • Être en capacité de travailler dans différents contextes avec des publics variés, notamment en situation de précarité, issu de migrations et dont le français n’est pas la langue maternelle.
    • Sensibilité/Intérêt pour l’actualité politique, économique et sociale notamment à l’échelle communale.
    • Sensibilité/Intérêt pour les thèmes liés à la coopération internationale.
    • Capacités relationnelles pour développer des contacts locaux ponctuels et réguliers avec le monde associatif ainsi qu’avec les autres organisations MOC
    • Aptitudes au travail en équipe
    • Faire preuve d’autonomie, de créativité et d’esprit d’initiatives
    • Être disponible à une répartition du temps de travail comprenant notamment des soirées.
    • Adhérer aux valeurs du Mouvement Ouvrier Chrétien.
    • Etre en possession d’un passeport APE, valide pour le secteur non marchand, d’un permis de conduire de catégorie B et d’un véhicule personnel

     

    LIEU DE TRAVAIL

    • Siège social du CIEP à Liège

     

    Les candidatures (lettre d’accompagnement et  C.V.) sont à adresser exclusivement par mail à Wilfried Schleck, directeur (schleck@mocliege.org) avant le 28 janvier 2021

  15. COMPTE-RENDU de la visioconférence & débat mardi 15 décembre 2020 | « C’était mieux avant ! »

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    Pour sa première visioconférence, le CIEP Liège en partenariat avec le CIEP culture frappe fort :

    Paul Jorion, figure médiatique qui œuvre dans les champs de l’anthropologie, de la psychanalyse mais ayant acquis une solide expérience des milieux de la finance, a accepté notre invitation de réagir à l’affirmation communément admise que « C’était mieux avant ! »

    Dans le but de baliser la discussion, nous nous proposions de partir du dernier ouvrage du philosophe Michel Serres aujourd’hui disparu, intitulé C’était mieux avant ! Pensé comme la suite de Petite poucette, cet ouvrage voulait être une réponse à « dix grands-papas ronchons [qui] ne cessent de dire à Petite Poucette, chômeuse ou stagiaire qui paiera longtemps pour ces retraités : « C’était mieux avant ! » ».

    Mais d’emblée, Paul Jorion l’affirme sans détours : « Oui, c’était mieux avant ! ». Il se disait même réjoui de ne pas être le seul à le penser, en recevant l’invitation à débattre sur ce thème, sans prendre connaissance plus avant du fond de la pensée de Serres. Rapidement, Serres est cependant rejeté comme appartenant à la génération précédant la sienne, génération qui a connu le grand traumatisme de la seconde guerre mondiale et pense en conséquence que non, ce n’était pas mieux avant…

    Qu’à cela ne tienne, Jorion s’est laissé guidé par son intuition première dont il a cherché à argumenter le bienfondé : le monde des années 50 et 60, celui de sa jeunesse, était indubitablement mieux. Voilà où se situe l’ « avant » pour notre conférencier. Sa démonstration a pris deux directions différentes la seconde impliquant la première : (1) poser la question du rapport des époques entre elles revient à poser la question de l’instrument pour les comparer – il y aura donc toujours du pour ou du contre en fonction de la position que l’on occupe – et (2) il faut tenter de comprendre pourquoi l’avenir radieux de l’an 2000 tel que la société des années 60 l’envisageait n’est pas advenu et que, par conséquent, c’était mieux avant.

    En effet, le monde de l’an 2000 vu depuis les années 60 était communément envisagé, selon Jorion, comme un authentique pays de Cocagne. Or, si la projection extraordinaire d’un futur merveilleux « nous a été volée », c’est parce que la tout autant extraordinaire production de richesses qui n’a cessé depuis lors n’a pas été répartie de façon égalitaire. L’impensé de l’époque grandiose des années 50 et 60 réside précisément dans le fait que ce pays de Cocagne dont on entrevoyait le début n’était pas partageable par toutes et tous… Le reste de la conférence de M. Jorion a été une tentative de mieux cerner pourquoi et comment un tel partage n’a pas été possible.

    Pourquoi la générosité promise dans les années 60 n’est-elle plus permise aujourd’hui ? La raison principale en est que le travail, abondant, offensif et à la manœuvre au sortir de la seconde guerre mondiale grâce aux mouvements conjoints des ouvriers et des syndicats, est en voie de disparition. Or c’est le travail qui crée de la richesse : moins de travail signifie invariablement moins de distribution de richesse, fruit de ce même travail. Aujourd’hui, il y a effectivement toujours plus de capital, par le biais de l’automatisation et la robotisation généralisées, et de moins en moins de travail vivant dans tout nouvel emploi. La conséquence générale pour la société est problématique, voire carrément suicidaire à long terme : on a de moins en moins de demande solvable, puisque l’emploi disparaît. La population, qui voit son pouvoir d’achat diminuer, peut tendanciellement moins consommer, ne permettant plus à la machine de tourner à plein régime, entrainant les sociétés dans un cercle vicieux infernal.

    Le problème majeur réside donc dans le combat inégalitaire dans le partage de la valeur ajoutée. Il est nécessaire, clame Paul Jorion, que ceux qui récoltent les profits s’en délestent d’une plus grande partie pour que la grande machine économique tourne à meilleur régime ! C’est la raison pour laquelle une taxe sur les robots[1] afin de mieux répartir les fruits du travail via les services publics garantis par l’Etat est une solution qu’il faut mettre en œuvre sans plus tarder, selon Jorion. Dans la poursuite de cette logique de défense des services publics qui sont la marque d’un État-providence, le conférencier plaide rien de moins que pour son inscription dans la constitution ! Il l’argumente en faisant référence à un autre signe qui ne trompe pas que « c’était mieux avant » : alors qu’aujourd’hui on fait dépendre les dépenses publiques de la croissance, quand bien même elle soit clairement en panne, hier encore le principe-même de l’État-providence n’était pas discuté ! Les objectifs que la société se donnait guidaient les politiques publiques, alors qu’aujourd’hui les moyens financiers à la disposition de notre époque comptable définissent ces mêmes politiques, par conséquent toujours en-deçà de nos ambitions !

    Enfin, Paul Jorion a clôturé son parcours historique par la mise en valeur d’un système promouvant la gratuité pour l’indispensable, dont il décèle l’origine dans le Discours des subsistances de Robespierre. Gratuité dans l’éducation, le logement de base, les soins de santé de base, l’alimentation de base : cela ouvre des perspectives pour l’avenir ! A rebours de tout revenu universel, qui coûterait cher à la collectivité, Jorion sait par son expérience dans les milieux financiers que tout argent redistribué aux populations fera nécessairement l’objet de stratégies des banquiers et autres gestionnaires de fonds financiers pour en saisir une partie. Et Jorion de rappeler, en guise de conclusion sur cet avenir de la gratuité, une assertion de l’économiste anglais J.M. Keynes dont il se veut un continuateur : « Un problème économique n’a jamais de réponse strictement économique ».

    Et même si on ne doit pas perdre de vue que la guerre et les reconstructions à coups de milliards du plan Marshall (dont l’objectif premier était de contenir l’influence communiste sur le continent européen) ont rendu possible le monde des années 50 et 60, Paul Jorion a montré que c’était mieux avant, puisque les solutions proposées aux grands défis de notre temps sont selon lui le meilleur que ce monde-là a eu à offrir. Il est urgent de ne pas laisser quelques-uns s’accaparer toutes les richesses au détriment du plus grand nombre !

     

     

    [1] Appelée « taxe Sismondi » par Jorion, du nom de ce penseur suisse de l’économie politique, Jean de Sismondi (1773-1842). Ce dernier pensait nécessaire de taxer le capital investi dans les machines puisqu’il accroit la productivité, donc les richesses, sans accroître les salaires tout en diminuant le nombre de producteurs, donc de recettes fiscales et de consommateurs possibles.

  16. Animation&Débat | La Vivaldi, une partition en mode mineur pleine de désaccords ?

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    Présentation de l’accord de majorité gouvernementale (les grandes lignes) et échanges-discussion

    Ça fait 16 mois qu’on l’attendait ! Est-ce que cela en valait bien la peine ? Le « retour du cœur », voilà ce qu’on nous annonce…

    Il n’empêche, et malgré les assauts répétés des régionalistes de tout bord qui déstructurent l’État fédéral (« assainissement des finances publiques » oblige), scruter de près l’accord de coalition qui mènera la danse pour les 4 prochaines années semble bien utile !

    Le CIEP vous propose une grille de lecture politique de cet accord de coalition typiquement belge.

    Les « quatre saisons à la fois » ne nous donnent pas beaucoup de garanties préalables sur les options prises :

    Il fait chaud, il fait froid, il fait pluvieux, il fait venteux, il fait soleil aussi : c’est tout ça à la fois l’accord Vivaldi !

    A nous de mieux évaluer leurs accords et désaccords pour mieux cibler les actions à mener durant ces 4 prochaines années.

    Arrêtons-nous un instant pour réfléchir à comment mieux agir pour une société plus juste et solidaire : plus démocratique.

    Si cette présentation vous intéresse et si vous souhaitez organiser un échange autour de celle-ci avec l’un de vos groupes, à distance ou, nous l’espérons, le plus vite possible, dans nos locaux ou dans les vôtres, n’hésitez pas à faire appel à nous. Contact: blanchard@mocliege.org 04/232.61.76

  17. Se former aux métiers de la construction avec AlterForm!

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    Bonjour à toutes et tous,

    Concrètement la formation construction ‘’devrait ’’débuter le 01 février 2021, avec intégration possible, dans le groupe, jusqu’au 1 mars 2021.

    Tout en respectant les règles sanitaires en vigueur, tu seras reçu sur rdv et en individuel (port du masque obligatoire)

    prends contact au 04/234 71 30 ou par email à alterform@mocliege.org

    Voici quelques points forts sur la construction :

    Une rémunération à hauteur de tes compétences.

    Tes compétences professionnelles, (et non le diplôme) te permettront de gravir des échelons, au sein de l’entreprise.

    Le gros-œuvre est le secteur idéal, pour toi qui aiment travailler au grand air, en équipe ou seul.

    Le secteur de la construction te permettra d’être autonome et responsable au niveau de ton travail.

     

    Convaincu… ! En route pour ton prochain job..! Prends contact dès maintenant… !

  18. COMPTE-RENDU Débat « La Vivaldi, une partition en mode mineur pleine de désaccords ? » du mardi 15 décembre

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    Présentation de l’accord de majorité gouvernementale (les grandes lignes) et échanges-discussion

    Ça fait 16 mois qu’on l’attendait ! Est-ce que cela en valait bien la peine ? Le « retour du cœur », voilà ce qu’on nous annonce…

    Il n’empêche, et malgré les assauts répétés des régionalistes de tout bord qui déstructurent l’État fédéral (« assainissement des finances publiques » oblige), scruter de près l’accord de coalition qui mènera la danse pour les 4 prochaines années peut sembler bien utile !

    Le CIEP, en partenariat avec Action Vivre Ensemble, proposait le mardi 15 décembre 2020 une soirée d’échange autour de l’analyse politique de cet accord de coalition typiquement belge.

    Dans un contexte politique fédéral de plus en plus difficile, le gouvernement de la dernière chance ?

    Pour commencer il était nécessaire de rappeler les énormes difficultés que connait notre pays, particulièrement depuis une dizaine d’années, quand il s’agit de mettre en place un gouvernement fédéral. A tel point que l’on peut vraiment parler de crise politique structurelle tant les résultats électoraux s’opposent entre le nord qui vote plus à droite et le sud du pays qui vote plus à gauche. Face à cette situation, la « Vivaldi » avec ses 7 partis issus de 4 couleurs/familles politiques (socialistes, libéraux, verts et « socio-chrétiens ») constitue un compromis particulièrement bancal. Notamment du fait qu’il s’agisse d’un gouvernement belge « fédéral » n’incluant pas les deux partis qui ont électoralement eu le plus de succès du côté flamand, le plus peuplé du pays. Même si propre au contexte politique belge, la représentativité et la légitimité démocratique de cette « Vivaldi » en font dès le départ un gouvernement fragile gros de tensions.

    Tout en précisant qu’il s’agit bien par définition d’une déclaration d’intention, d’un « projet » dont rien ne viendra sanctionner la réalisation ou non, à part une éventuelle sanction électorale, la présentation proposait de faire le tour, le plus clairement possible et en plus ou moins une heure, des grandes lignes politiques que les 7 partis de ce gouvernement ont pu se fixer pour guider leur action dans les quelques années restantes avant les prochaines élections :

    L’occasion s’est présentée d’aborder un budget qui ne rompt pas totalement avec une forme d’austérité, de même qu’une politique fiscale qui ne semble pas vraiment reposer sur « épaules les plus larges » comme annoncé, une pension minimum qui ne concerne que les carrières complètes, des bénéfices attendus sur l’ambition de relever significativement le taux d’emploi, l’annonce déjà controversée de la fin du nucléaire, des ambitions climatiques qui semblent trop reposer sur une hypothétique « croissance verte » basées surtout sur des attentes technologiques et, enfin, la compétence « asile et la migrations » qui s’annonce  sans doute comme celle où la pression du poids électoral de la NVA et du Vlaams Belang se fait le plus sentir.

    Au final, exercice délicat de compromis entre tabous de droite et mesures de gauche parfois plus symboliques qu’autre chose avec certains objectifs peu précis, le nouvel accord de gouvernement semble tendre vers une forme de statut quo forcément ambigu, à l’image de la situation politique belge.

    Questions et échanges ont naturellement suivi cette présentation avec quelques grands thèmes particulièrement présents :

    • Le sentiment que ce gouvernement se lancera tôt ou tard vers une 7ème réforme de l’Etat belge, tant la pression électorale sur cette question reste forte au nord du pays, amène à s’interroger sur les formes que pourrait prendre cette réforme. Même si on entend parler d’une éventuelle re-fédéralisation de certaines compétences, il est encore bien difficile d’imaginer dans quel sens une telle réforme pourrait se diriger (une Belgique à 4 régions ?).
    • Des interrogations également, vu le contexte sanitaire, sur l’augmentation des dépenses de santé et leur impact sur l’emprise, par exemple, des firmes pharmaceutiques ou la constitution de « méga-hôpitaux ».
    • Inévitablement, de nombreuses questions et réactions sur l’annonce de la fin du nucléaire : personne ne semble y croire, même pas le gouvernement, tout en s’interrogeant fortement sur ce qui pourrait remplacer les centrales.
    • Parmi tous ces enjeux, plusieurs d’entre nous se posent la question des priorités sur lesquels nos mouvements et associations doivent (se) mobiliser. Pour certains, la lutte contre la pauvreté doit être mise en avant et faire l’objet avant tout d’aides financières en poussant notamment le montant des allocations sociales « au-delà » du seuil de pauvreté plutôt que timidement « vers » ce seuil comme annoncé par le gouvernement.
    • De même, certaines interventions pour rappeler que la justice fiscale est un préalable fondamental à une justice sociale ou « climatique » dans une perspective plus égalitaire, en particulier dans la répartition de base, et de plus en plus déséquilibrée, qui s’opère entre revenus du capital et revenus du travail.
    • Au final, après cette présentation, plusieurs participants ont également réagi pour souligner qu’il ne fallait pas tout attendre de la politique institutionnelle et de rappeler à quel point le rôle des mouvements et associations de citoyens demeure crucial. De même que la nécessité de plus en plus présente pour donner plus de poids à ceux-ci, d’obtenir des modifications de notre système démocratique intégrant davantage et concrètement cette participation citoyenne.

    Si cette présentation vous intéresse et si vous souhaitez organiser un échange autour de celle-ci avec l’un de vos groupes, à distance ou, nous l’espérons, le plus vite possible, dans nos locaux ou dans les vôtres, n’hésitez pas à faire appel à nous. Contact: blanchard@mocliege.org 04/232.61.76

     

  19. Visioconférence « C’était mieux avant ? » | Mardi 15 décembre 14H

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    Bienvenu à la conférence « C’était mieux avant ? »

    Cette visioconférence est :

    • organisée par les CIEP Liège-Verviers et CIEP Culture
    • avec la participation de Paul Jorion, anthropologue, sociologue et essayiste belge
    • basée sur le livre de Michel Serres : « C’était mieux avant ».

     

    Cette conférence est gratuite et ouverte à tous. Elle se déroulera en ligne le mardi 15 décembre. Il ne faut pas avoir lu le livre pour suivre la conférence. Déroulement de cette rencontre virtuelle :

    • A partir de 13h30 : test de connexion, résolution des éventuels problèmes informatiques rencontrés
    • 14h : Lancement de la conférence avec une intervention de Paul Jorion, suivi d’une discussion sur base du livre de Michel Serres
    • 15h : Séance de questions – réponses. N’hésitez pas à poser toutes vos questions
    • 15h30 : Fin de la conférence

     

    Envie de vous faire une idée sur le livre : C’était mieux avant ? [Ghislain Deslandes]: https://www.youtube.com/watch?v=qX7y_TdeJf0

    Rejoignez cette visioconférence via le lien ZOOM suivant :

    https://us02web.zoom.us/j/83887412691

     

    Comment y participer ?

    C’est très simple et gratuit. Vous pouvez la suivre depuis chez vous en vous connectant avec votre ordinateur, votre tablette ou votre smartphone sur l’application ZOOM qui se trouve sur internet.

    Vous avez déjà l’application ZOOM installé sur votre ordinateur/tablette/smartphone :

    Le jour de la conférence :

    • Cliquez sur le lien ZOOM pour suivre la conférence.
    • L’application ZOOM se lancera automatiquement sur votre ordinateur et vous pourrez rejoindre la salle d’attente de la conférence en ligne (comme chez le médecin).
    • Une fois accepté dans le salon virtuel par l’administrateur, vous pourrez suivre la conférence en direct.

     

    Vous n’avez pas l’application ZOOM installé sur votre ordinateur/tablette/smartphone :

    Le jour de la conférence :

    • Cliquez sur le lien ZOOM pour suivre la conférence.
    • Votre navigateur Web téléchargera automatiquement l’application gratuite ZOOM. Vous n’avez plus qu’à appuyer sur l’application qui apparait en bas à gauche de votre écran. Cela lance l’installation du programme en quelques secondes.

    • Une fois l’installation terminée, il vous suffit d’appuyer sur « Launch Meeting » (en français : « Lancer la réunion »).

    • Vous rejoindrez ainsi la salle d’attente de la conférence en ligne (comme chez le médecin).
    • Une fois accepté dans le salon virtuel par l’administrateur, vous pourrez suivre la conférence en direct.

     

    Attention :

    Afin de faciliter le déroulement de la conférence et l’intervention des orateurs, nous vous demandons de :

    • Coupez votre micro et votre caméra en entrant dans le salon virtuel (lieu ou se déroule la conférence en ligne). Si vous avez une difficulté à couper votre micro, l’animateur vous aidera à le faire.

    • Poser vos questions par écrit lors de la session de questions via l’espace de discussion qui s’ouvre en cliquant sur l’onglet « Converser ». Votre question sera lue et relayé par l’animateur vers les orateurs

     

     Besoin d’un coup de main pour installer ZOOM ? 

    • Voici le lien vers une petite vidéo de démonstration qui vous explique comment installer et utiliser ZOOM en 2 minutes : https://www.youtube.com/watch?v=FczmyqSrN-g
    • Vous souhaitez recevoir une aide supplémentaire : contactez-nous avant la conférence par mail ou par téléphone. Nous vous aiderons à distance (Benoît Leysten : 0484/30 99 12 – leysten@mocliege.org ou Edwine Goldoni : 0483/22 93 61 – goldoni@mocliege.org).

     

    Nous nous réjouissons de vous revoir lors de cette conférence.

    D’ici-là, prenez soin de vous et de votre entourage.

     

    Fabienne, Edwine et Benoît

     

    ———————————

    Autres liens utiles :

     

    → Mort de Michel Serres : rencontre avec le philosophe : https://www.youtube.com/watch?v=n0z25Qebv94

    → « C’était mieux avant », Michel Serres publie un manifeste savoureux et grinçant : https://www.youtube.com/watch?v=UUMl_Sp6eb0

    → Démarrer une réunion : https://www.youtube.com/embed/RgZPZ_qCvZk?rel=0&autoplay=1&cc_load_policy=1&hl=fr&cc_lang_pref=fr

    → Rejoindre une réunion et paramétrer l’audio et la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=KR6IJM6PRFk&feature=emb_rel_end

  20. Les Équipes Populaires ont un nouveau président…

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    Guillaume Lohest a été élu nouveau président des Équipes Populaires à l’issue du Congrès virtuel qui s’est tenu le 14 novembre dernier. Il prendra ses fonctions en janvier 2021 pour trois ans, succédant ainsi à Paul Blanjean, prochainement en fin de carrière.

    Guillaume Lohest, 36 ans, habite la région de Ciney. Il avait été engagé il y a cinq ans aux Équipes Populaires en charge des études et de la formation, après avoir été enseignant, puis éditeur et animateur en éducation permanente  plusieurs années chez Nature & Progrès.

    Après ses remerciements envers tou.te.s les militant.e.s et collègues, Guillaume a exprimé sa sincère reconnaissance envers un mouvement qu’il qualifie « d’extrêmement chaleureux », une vertu dans laquelle il compte puiser sa force. Et il lui en faudra… car le contexte de société actuel n’est pas des plus radieux.

    Celles et ceux qui connaissent Guillaume savent qu’il aime les mots. Et les deux mots qu’il a choisis pour qualifier son état d’esprit sont lucidité et conviction. « Lucidité, car dans la situation que nous vivons, nous sommes confrontés à un sentiment d’insuffisance de notre action face aux enjeux sociaux et climatiques qui deviennent criants. Mais ceux-ci sont tellement importants que cela nous pousse à aller de l’avant, à en faire plus, et avec d’autres… La lucidité, c’est reconnaître que nous ne pouvons rien tout seuls, ce qui est le propre de la vie démocratique, plurielle. » Et Guillaume est persuadé que « nous sommes là où nous devons être, c’est-à-dire dans l’action locale de proximité, parmi les réalités de vie. ».

    Pour le deuxième mot, il a eu une hésitation. « J’aurais pu choisir Colère car c’est un atout quand elle est guidée par un désir collectif de démocratie et d’égalité. Mais elle est aussi un risque, car la colère brute et la soif de collectif peuvent être les ingrédients du fascisme. Sans les valeurs que l’on défend, la colère peut basculer du mauvais côté… » Le populisme -et sa dérive ultime, le fascisme- sont en effet une des questions qui préoccupent Guillaume. Il a d’ailleurs récemment écrit un livre sur ce sujet[1].

    Il a donc choisi un autre mot : Conviction. Une conviction de plus en plus en plus ancrée chez Guillaume est qu’aucun changement de société, social ou écologique, ne pourra s’opérer sans réduction drastique des inégalités. « Car vivre dans un bain d’inégalités crée de la pauvreté, de la méfiance, de la rivalité, de la frustration, de la colère non constructive. Je suis de plus en plus persuadé que réduire les inégalités est une priorité absolue à tous niveaux, y compris celui du changement climatique. Car les inégalités, démesurées, bloquent toute possibilité de faire société autour d’un projet commun, d’un désir commun. »

    Guillaume Lohest est cependant lucide et modeste. « L’impact de notre action est difficilement quantifiable, mais j’en mesure chaque jour le sens et la pertinence quand j’observe la diversité, la richesse de nos quelques 150 groupes et projets actifs en Wallonie et à Bruxelles. Nous sommes l’un des éléments de la grande toile associative et de la démocratie culturelle».

    Merci à Guillaume d’avoir accepté de relever le défi de coordonner l’action du mouvement et d’y apporter un souffle nouveau.

    [1] Entre démocratie et populisme, 10 façons de jouer avec le feu, Guillaume Lohest. Coédition Couleurs livres et Équipes Populaires, 2019.